Une élève plutôt rancunière et un élève assez méfiant, ça n'est pas toujours facile, comme rencontre... [PV Madyson]

La journée, pourtant, avait bien commencé. J'avais tout fait pour. Un bon déjeuner, bien consistant, histoire de ne ps reprendre la mauvaise habitude de sauter des repas, mon pull à mailles bleu préféré, et, pour finir, j'avais assaillie la boîte de messagerie d'une de mes.. "meilleures" amies, Cassandra. Comme quoi, j'avais fais un effort.  Après tout ça, j'avais un peu ranger ma chambre, ayant besoin de m'occuper, puis, une journée de cours banale avait commencée. Rien de bien nouveau. Et, en sortant du cours de sciences, mon tas de feuille à la main -un exposé qui m'avait prit un temps fou et qui ne faisait pas moins de cinq pages, non-numérotées, évidemment, plus tout un tas de papier annexes et de schémas-, j'avais cru que mon humeur resterais au beau fixe, au moins toute la matinée. Grave erreur. Je sortais à peine du cours qu'on me bouscula sans ménagement. Je réprimais un maigre "Outch" et fusillais des yeux l'auteur de ce crime. Me relevant à demie -oui, je m'étais cognée le coude contre le mur avant de tomber-, je commençais à ramasser mes feuilles, énervée. Qui était-il pour repartir sans un mot, un regard ? Je ravalais le "Tu pourrais m'aider, non ?" qui me brûlait les lèvres et ramassais rapidement, comme je le pouvais mes feuilles, éparpillées sur la moitié du couloir. Maugréent, je slalomais entre les élèves, récupérant en assez bonne état mon tas de feuille, non sans continuer de pester contre celui qui m'avait faite tomber. Outre le bleu qui ornerait mon coude et les quelques traces de chaussures que certaines de mes feuilles avaient désormais, je trouvais mon manque de réaction ridicule. Oui, il m'avait prise par surprise, et j'avais d'abord été absorbée par mon travail que l'idée de le disputer. Quoique, j'aurais bien pus. Soupirant, je calais mes feuilles sous mon bras, ramassant mon sac en bandoulière, que je mettais sur mon épaule comme on mets un sac à main. Bien plus pratique, quoique le sac en question glissait plus, pour mon plus grand désespoir.
Quelques heures plus tard, après m'être calmée comme je le pouvais, avoir ré-imprimé mon dossier et l'avoir cette fois-ci numéroté, je remarquais que, de mon précédent dossier, il me manquait des feuilles. Je soupirais d'avantage, avant de le jeter, lui qui était maintenant incomplet. Ma journée était maintenant gâchée, malgré tout mes efforts pour oublier cet incident qui, en soit, ne me faisait que perdre du temps. Seulement voilà, pour moi, après ça, la journée était foutu, je ne voyais aucun moyen pour que tout aille mieux, pessimiste dans l'âme que je suis. Regardant ma montre, je décidais de vérifier mon emploi du temps, que je ne connaissais toujours pas, malgré ces presque six mois de présence ici, histoire de voir de quoi serait faite ma journée. Tentant de mémoriser mes salles et l'ordre des autres cours, je remplissais mon sac de ce qui me servirais, avant de me rappeler que, le soir même, mon cours particulier commencerais, après un ou deux trous, je ne m'en souvenais pas bien. Les emplois du temps, ici, étaient de vrais gruyères ! Me rendant en cours, je suivais, distraitement, me contentant d'écouter et de noter, sans vraiment réfléchir, machinalement, à croire qu'en cours, je devenais un robot, ou plutôt, une machine. Après d'interminables heures, pas forcément intéressantes, soit, mais auxquelles je me rendais tout de même, sans trop savoir pourquoi, d'ailleurs, je passais rapidement à la Cafet', attrapais une pomme et m'en contentais pour le déjeuner. Quand j'étais de mauvaise humeur, souvent, je n'arrivais pas à manger. Ou alors pas grand chose. Mettant ma pomme de côté, je trouvais de quoi m'occuper, et ma matinée se termina enfin.
Après une heure supplémentaire, je m'étais rendue compte que j'avais faim ou, plutôt, que je commençais à avoir faim. J'avais déposé mon sac en passant, au dortoir, ne gardant que ma pomme, dans ma poche, avec tout le bazar que j'y laissais toujours traîner. Il fallait que je marche, seule, et que, tranquillement, je pense à d'autres choses. Le paradoxe étant que plus je pensais, plus je ressassais les mêmes choses; toutes les choses qui me mettaient en colère, ce qui ne m'aidait pas vraiment pour me calmer mais qui, au moins, distillais un tant soit peu les nuages de mon ciel intérieur. Oui, "ciel intérieur", autrement dit, la toile de mes états d'âmes, que je me représentais en un ciel. Ciel qui changeait plusieurs fois par jour, tant mes humeurs étaient instables. Arrivant enfin à destination; la forêt, je commençais à marcher, croquant dans ma pomme de temps en temps, n'ayant déjà plus vraiment faim, à moins que, la faim, je l'ai déjà oubliée, ce qui arrivait parfois. Suivant le chemin alternatif, tassé au fil des pas, je m'aventurais un peu plus dans la forêt, en dehors des chemins de terre, tout tracés, qui n'offraient pas beaucoup d’originalité. Finissant ma pomme, je gardais le trognon dans un sac plastique, trouvé dans ma poche arrière, que faisait-il là ? Je n'en avais aucune idée, mais comme ça, je ne salissais pas mon paquet de mouchoir, mon téléphone, des clefs qui n'ouvraient rien, du moins, pas à ma connaissances. Enfin, tout ça pour dire que, dans mes poches, il y avait de tout. M'essuyant les mains sur mes genoux -oui, très propre-, je relevais la tête. Ayant entendu.. Comme des bribes de voix. Et, avant de savoir ce que j'allais faire, je débouchais déjà sur une petit clairière, enfin, un endroit où les arbres étaient moins denses, ce qui créait un espace. Un espace où deux personnes se battaient. Sur les deux, je n'en connaissais qu'une. Un imbécile qui adorait la bagarre, et qui, apparemment, l'avait trouvée. Je soupirais, me demandant si cet idiot-là grandirait un jour. Mais, alors que je m'apprêtais à faire demi-tour, mon regard fut attiré par quelque chose de brillant. Une dague ? Incrédule, je vis le deuxième garçon lui érafler le bras. Alors, un qui est armé, et l'autre qui est complètement irresponsable ? Je levais les yeux au cil, me demandant si je devais considérer l'imbécile de service comme responsable des ces actes. Peut être pas, en y réfléchissant bien... En faisant la moue, je décidais qu'il faudrait peut être intervenir, histoire de ne pas avoir de mort ou de blessé sur la conscience, quand je vis le visage du garçon armé. Non, j'hallucinais ? Celui qui m'avait bousculé ! Ma rancune refit aussitôt surface et il baissa automatiquement dans mon estime. En plus de me bousculer, de ruiner deux jours de travail, de me forcer à tout ré-imprimer, le voilà qui se battait ? Je secouais la tête, c'était lamentable. Et je n'eu qu'à fermer les yeux pour sentir l'afflux arriver, monter doucement en moi, comme s'il passait par mes veines. Automatiquement, je me sentis bien, comme si j'étais au chaud, sous une couverture, près d'une bonne vieille cheminée, en sécurité. Les rouvrant subitement, je me rappelais du pourquoi et, ayant à peine à me concentrer, je dirigeais un éclair, entre les deux hommes, qui ne servirait qu'à les séparer, avant d'ajouter pour chacun, une décharge. Rien de bien puissant, juste de quoi les dissuader de reprendre leur rixe. Evidemment, idiot n°1 me connaissait et avait filé avant de recevoir son coup de jus. Faisant la moue, je vis l'éclat blanc, dans le vide, avant que l’électricité statique amassée ne se disperse rapidement. Relevant les yeux, je tombais sur l'autre, toujours là. Juste devant lui, il y avait une tâche noirâtre, là où la foudre c'était abattue.

Fixant cette tâche brunâtre, je me retournais, entendant les bruits de pas du fuyard. Finalement, qu'importe ce qu'il essayait de montrer, il n'avait pas grand chose dans le pantalon. Ne faites pas attention à cette expression, une vieille habitude, si vous voyez ce que je veux dire.. Bref. Un imbécile de moins dans cette forêt, c'était déjà ça. Allez, plus qu'un, songeais-je, tout en souriant intérieurement. Puis, secouant doucement la tête pour chasser ces pensées, j'en revenais à mon brun. Enfin non. A la lumière, ces cheveux étaient plus clair, plus dans le châtain, je dirais. Oui, ce ne sont que des détails. Mais j'aime les détails. Lui, en tout cas, ne s'attardait surement pas sur la couleur de mes cheveux, et je tâchais de regarder autre chose que ces yeux, dont je ne distinguais malheureusement pas bien la couleur et croisais les bras, me demandant si celui-ci poserait problème. Un léger sifflement retint mon attention et je vis un petit oiseau, fixant étrangement le jeune homme. Comme s'ils se connaissaient. Tout à fait. Peut-on connaître un oiseau ? Secouant de  nouveau la tête, je me maudissais, m'éparpillant sans cesse. Et bientôt, l'homme que je regardais prit une initiative, il parla. Me concentrant sur sa voix, je fronçais légèrement les sourcils, me demandant ce qu'il trouverait à dire.

- C'est toi qui a déclenché la foudre ?

Et je n'étais pas déçue. Pour de l'original, ça l'était. Il était bien nouveau. La plupart des gens d'ici ne osaient pas ce genre de questions, trop directes, peut être mal-formulées, aussi. Enfin, envisageait-l sérieusement que la foudre ait frappé plusieurs fois, sans aucunes raisons ? La probabilité était mince, l'électricité statique étant surtout amassée lors d'orages ou.. Me coupant une fois de plus dans mes pensées, j'en venais à me demander si je n'étais pas hyperactive de la boîte crânienne. Ça n'existe pas ? Heureuse, sans ça, j'aurais due rajouter cette maladie sur mon CV, je suis sûre que ça ferais tâche. Ne voulant pas engager plus en avant d'éventuels hostilités, je choisissais de répondre, tout aussi méfiante que lui semblait l'être.

- Oui, c'est moi.

M'adossant à un arbre, tout prêt, je me demandais quel tour prendrait cette conversation. Si conversation il y avait, bien entendu. A vrai dire, je ne m'attendais pas à ce qu'elle s'éternise. Ni même à ce qu'il ne me parle. Il l'avait pourtant fait. Serais-je d'avantage surprise ? Pourquoi ne pas l'être, après tout ? J'haussais les épaules, dégageais mon visage, des mèches me tombant devant les yeux, à force de secouer la tête. A croire que mes monologues intérieurs devaient obligatoirement appuyés par des gestes. Désespérante... Oui, c'est ce que j'étais, certainement. Au moins, pour le moment, je n'en venais pas à de grands moulinets de mes bras. C'aurait été bien trop risible. Bien trop.

Ces réactions m'intriguaient. Pourquoi demander ? Oui, l'électricité statique qui provoquait la foudre était instable, mais comment expliqué que les deux combattants aient reçus des décharges ? Je ne l'aurait pas expliqué, à sa place, sinon cela. Quoiqu'il n'était peut être pas habitué à vivre entouré de personnes ayant des.. "Dons" ? "Pouvoirs" ? Enfin bref, tout dépend des points de vu. Et le sien, comment était-il ? Peu m'importait, après tout. Oui, quoiqu'on en dise, j'étais rancunière. La vie m'avait appris à ne pas pardonner. Si bien que, même les petites choses, je les assimilaient à de grandes. Si bien qu'à chaque fois, j'en venais à revivre un moment douloureux, à avoir un pincement au cœur. Non, c'était bien plus qu'un pincement. Mais personne ne devait savoir. Personne. Et ce choix était catégorique. C'était ma vie, pas la leur. Et, les bras toujours croisés, je le regardais. Me surprendrait-il encore ? Je n'aimais pas être surprise. Enfin, pas toujours. La plus grande surprise de ma vie à été un cauchemar. Alors, pour les autres, j'ai mes idées, et elles sont plutôt négatives. Je soupire, décroise mes bras puis les recroise, tout en m'éloignant d'un pas de l'arbre avant de finalement les glisser dans mes poches.

- Au fait, désolé pour ce matin, je n'ai pas fait attention, et j'étais trop énervé pour m'arrêter et t'aider à ramasser tes feuilles. 

Là, je relevais les yeux, surprise. Se souvenait-il de moi, des feuilles ? Il venait de s'excuser. Je n'en revenais pas. L'image que j'avais de lui était-elle donc fausse ? Là, je n'avais plus de raisons de lui en vouloir. Mais pourquoi s'excusait-il, aussi ? Je faisais quoi, moi, maintenant ? Et malgré le ton clairement froid de sa voix, je ne me sentais pas de faire l'impassible fille sans trop de cœur qui aime la solitude et foudroie tout ceux qui sont sur son chemin. Je descendais de la petite butte sur laquelle j'étais, replaçais ma mèche à sa place habituelle, place qui donnait l'impression que, pour me coiffer, je secouais mes cheveux dans tout les sens, mais j'aimais bien le rendu. Ça contrastait parfaitement avec l'autre moi et son lisseur, ses cheveux long et bien mis. Il faut croire que mon existence ne servait qu'à me faire devenir l'antithèse de moi-même. Attention, Madyson Halse en trois périodes ! Pré-Mathéo, Post-Mathéo et Pro-Liberté ! Arrivant à quelques mètres de lui, je piétinais le sol, avant de sortir mes mains de mes poches et de demander, pour combler le vide;

- Ca va, je t'ai pas fait trop mal ?

A vrai dire, je connaissais exactement la valeur de mes pouvoirs. Tout ce que j'avais déjà infligé, et même plus, je me l'étais fait. Ainsi, je savais qu'il aurait, au pire, une petite marque de brûlure, pendant un mois ou deux. Rien de bien grave. Baissant légèrement mes manches en pensant à ça, je cachais les marques de brûlures que j'avais, au creux du coude. Non, je n'avais jamais été suicidaire ! C'était juste histoire de mieux maîtriser, et surtout, de savoir ce que je pouvais infliger. Ce qui était supportable ou pas. Et le corps humain endurait bien mieux que ce que j'aurais pensé. Enfin, ça, lui, il ne le savait pas. Peut être avait-il jugé que la décharge était de trop ? En tout cas, je ne pouvais plus lui en vouloir. Alors autant être sympa, non ?

Oui, je ne pouvais pas continuer de "bouder" ou tout autre chose pouvant s'y rapporter, d'une manière ou d'une autre. Je ravalais un soupir. Qu'avais-je fais pour être aussi indécise ? J'avais peur de ne pas être juste, d'être méchante, même si le mot semble faire, puéril. Je me foutais presque complètement de l'avis des gens. Presque. Il y avait cette insulte en quatre lettre que je ne laissais pas impunie, au contraire des autres, qui m'atteignaient beaucoup moins, bien que j'ai tendance à le cacher, plutôt bien en général. Mais il y avait aussi cet adjectif. "Méchante". Je ne voulais pas être de cette trempe-là. Pas être de ceux qui faisaient le mal. J'avais vue les dégâts que ça pouvait faire. Sur ma propre vie, en victime. Et même si tout n'est pas comparable, je ne pouvais m'empêcher de lier certaines choses, de faire des comparaisons. Qu'en dire ? Une fille compliquée dans une vie étrange, avec un passé secret et douté, tabou, et un futur qui semble bien loin ? Je relève les yeux, frotte une de mes manches, un tic plutôt gêné que je peux avoir, parfois, quand je ne sais pas quoi faire. Il secoua la tête, de gauche à droite, m'indiquant qu'il n'avait pas eu si mal que ça. Une autre moi aurait esquissé une moue amusée en arguant un «  Menteur… » enfantin, mais cette moi n’existait pas. Et il n’y avait que deux explications. Il mentait pour ne paraître "faible", ou bien.. Ou bien, son passé était épineux. Comme beaucoup des pensionnaires de cette école. Une drôle d'école pour de drôles d'élèves...

- Il existe bien pire douleur.

J'acquiesçais d'un « Humm» distrait. En effet, il y avait quelque part, au dessus de nos têtes, une agglomération d'électricité. Un orage en prévision ? La tête levée, légèrement de travers, yeux entrouverts, je cherchais la cause de cet amas, que je sentais aussi clairement qu'on sent le vent sur sa peau. Peut être était-ce des restes de la foudre de toute à l'heure. Il y en avait quand même un sacré paquet.. Non, je m'étais parfaitement maîtrisée, pas de surplus. Un orage se profilait peut être. Mais à vrai dire, pour un orage, il aurait fallut que l'amas double, voir triple, et c'est donc la conscience tranquille que mon regard descendit, revenant au niveau des feuillages, où j'aperçue l'oiseau, avant de regard de mon interlocuteur. Sa petite pause achevée, il enchaîna;

- Au fait, je m'appelle Célestin Greene.

Il faisait peut être un effort. Peut être. Je ne suis pas douée pour la méfiance. Regardez jusqu'où ça m'a menée. Déglutissant, presque difficilement, je chassais les nuages de mes pensées. Non ! Plus jamais ça, n'y repense pas. J'avais presque envie de m'en foutre une. Ma promesse était bafouée, une fois de plus. Si j'avais été seule, la claque serait surement partie toute seule. Mais je ne l'étais pas, me mordant la lèvre, dans l'espoir de me remettre les idées en place, je reprenais le fil de la discutions, un peu à la traîne, comme bien souvent.

- Madyson Halse..

Ne sachant pas quoi faire de mes bras, je les croisais, repoussais une mèche trop envahissante, avant de faire une sorte de mimique indécise, ressemblant pus à une grimace qu'à autre chose. Finalement, je me décidais à dire quelque chose :

- Désolé, avec l'autre idiot, y a que ça qui marche..

Non, je n'essaierais pas de me disculper ou de me justifier, je disais juste, quelque part, que ce n'était pas de sa faute, pas contre lui.

Parce qu'après tout, il n'était pas le fautif. Enfin il en faisait parti, quelque part, mais n'était pas la personne à prendre en faute, le plus gros avait été fait par l'autre idiot, n mastodonte sans cervelle qui préférait se jeter dans le tas. Se jeter dans le tas et tout casser, si possible. Je réprimais un possible. Comment pareils individus pouvaient-ils exister ? Là, je préférais passer à autre chose, la question étant capable de me torturer les méninges toute la journée. Et puis j'avais mieux à faire, mieux à penser. Célestin -C'est étrange d'appeler quelqu'un qu'on connaît à peine par son prénom, non ?- semble perplexe. Ou du moins son visage en a les marques. Et je ne sais toujours pas quoi dire. Ni quoi faire, à vrai dire. Je baisse les yeux, nerveuse, les bras toujours croisées, suivant du regard la traînée noire que j'ai laissée au sol. La colère n'a pas de bons effets sur moi, c'est certains. Je soupire doucement, passe une main sur mon visage. Le plus dur est toujours de contrôler, avec moi. Je manque cruellement de contrôle. Et un jour, ça se retournera contre moi, si je ne fais rien.. Je secoue la tête, ce n'est pas le moment pour se genre de chose.

- C'est rien.

Sa voix me fait sortir de mes pensées et je lève la tête. Il semble moins dur, sa voix est moins rude, moins.. Je ne sais pas, mais il me semble que la situation de conflit cesse. Sauf si je me trompe, qu'il masque mieux certaines choses que je ne peut le faire. Mal cacher les petits détails aide à mieux cacher les gros. Pour la plupart des gens, je mens mal, par exemple. S'ils savaient ce que je peux cacher.. Outch, ça ferait mal. Une nouvelle fois, je sors de mes pensées, m'en voulant presque d'être si facilement distraite. Regardant Célestin -Je ne m'habitue toujours pas à dire son prénom-, j'attends une remarque de sa part, qui vient plus rapidement que ce que je n'aurais crus.

- Par-contre, si tu pouvais éviter de parler de tout ça aux adultes, ce serait sympa... Je ne suis pas censé porter mes dagues sur moi...

Là, je rigole. Un petit rire tout ce qu'il y à de plus sincère. Les dagues ne sont pas autorisées, oui, mais foudroyer quelqu'un, ça l'est ?! Bien sûr que non.. Croit-il être le seul à être en infraction ? Cette pensée me fait sourire, et je me frotte la nuque, légèrement gênée, mais, avant d'avoir pus m'expliquer, il enchaîne.

- Mais les avoir à portée de main, ça a quelque chose de... rassurant.

D'un hochement de tête entendu, je déclara à mon tour :

- Tu sais, foudroyer quelqu'un.. C'est pas comme si c'était autorisé. Ce n'est pas parce que les dagues sont matérielles qu'elles sont de plus grandes infractions au règlement..

Là, je déglutis, avant de secouer doucement ma tête.

- Je ne dirais rien. Mais j'espère que tu feras de même..

Mon regard est incertain, et j'espère de pas avoir à regretter ma décision de ne rien dire. Ma confiance -si c'en est une preuve- est-elle bien placée ? Il n'y à rien de plus frustrant d'attendre de voir ce qui se passera, ce que l'avenir nous réserves. Du moins, c'est mon avis. Si j'avais sut tout ce qui allait se passer, ce qui en découlerait, aurais-je fais les mêmes choix ? La vie est un drôle de chemin, tantôt bien, tantôt mauvais. Et la mienne est un patchwork décousu qui tourne en rond, d'un gris sombre, relevé de quelques tâches de couleurs.