Un verre d'eau pour une rencontre avec un dragueur... [PV Dylan]

Une matinée des plus normales, avec des cours, des élèves et de la parlotte. Surtout de la parlotte. Les cours, c'était autre chose, de bien plus ennuyeux. Alors Dylan se concentrait essentiellement sur ce qui se disait entre les élèves. Il était de loin l'élève le plus attentif. Et au final, il attendait avec impatience la sonnerie du déjeuner, son ventre commençant déjà à gargouiller. Force fut de voir que ses demandes furent exaucées puisque la sonnerie finit par retentir et les élèves sortir des classes. Le jeune homme soupira, regardant la masse d'élèves se tasser à la sortie du local. Lui, prenait son temps, peu désireux de se fondre parmi la foule et se faire écraser. Alors, quand il sentit qu'il ne risquait rien, il s'en alla à son tour et se dirigea vers la cafétéria. Peut-être avait-il un peu trop tardé, vu le nombre d'élèves présents. Il aurait galère à trouver une place libre et mettrait déjà relativement beaucoup de temps à se faire servir. Et s'il tardait encore plus, il ne resterait plus rien à manger.
Dylan soupira et, à l'entrée de la cafétéria, fit le tour de la pièce du regard, s'arrêtant sur les visages des élèves, cherchant quelqu'un avec qui il pourrait manger. Ou bien faire de nouvelles connaissances. Ah oui, tiens, faire de nouvelles connaissances, ce serait pas mal pour un midi. D'ailleurs, que voyait-il, là-bas ? Une bien jolie jeune fille longues ondulations de jais avançait parmi les élèves. Il s'avança vers elle, profitant du fait qu'il pourrait toujours dire qu'il allait se servir à manger. Sauf qu'elle ne s'arrêta pas alors que lui, oui. Et son verre, qu'elle tenait en faisant bien attention, se renversa non par terre mais sur lui, trempant ainsi son T-shirt qui mettait déjà assez bien sa musculature à l'honneur. Le jeune homme, regardant son torse à présent trempé, releva les yeux vers la jeune fille. Elle avait reculé et avait rougi. Lui, il sourit, amusé de la situation et ne faisant pas attention aux quelques regards des autres élèves.
- E-Excusez-moi, je ne faisais pas attention...
Sa voix étaient teintée de gêne et d'hésitation. Tu m'étonnes, il y avait de quoi vu ce qu'elle venait de faire. Mais malgré tout, elle osa un regard vers lui et il put admirer d'étranges yeux d'une magnifique couleur violette, pourtant. Son regard resta plusieurs secondes accroché au sien, sans faire le moindre geste, avant qu'il ne baisse de nouveau ses yeux vers son T-shirt et l'essore légèrement. Il rit légèrement en la regardant de nouveau, il passa une main dans ses cheveux.
- Ce n'est rien, voyons, ce n'est que de l'eau, ça sèchera ! Heureusement que tu n'avais pas un plateau entier, sinon ça aurait été un peu plus embêtant.
Dylan sourit. Il avait l'air ridicule avec plus de la moitié de son T-shirt trempé mais il s'en fichait. La rencontre qu'il venait de faire lui avait bien ça ! Surtout qu'il avait entendu quelques paroles sur la jeune fille, mais il la trouvait plutôt jolie pour ne pouvoir que faire attention aux rumeurs qui couraient sur elle.
- Dylan, finit-il par se présenter, tous sourires.

La jeune fille sourit à Dylan mais il ne semblait pas sincère, comme si elle souriait plus parce qu'elle sentait devoir le faire que parce qu'elle en avait envie. Sûrement avait-elle ses raisons, des raisons personnelles. Mais c'était bien peu pour le jeune homme ; elle avait souri, c'était déjà ça de gagner. Même si le ton sur lequel elle parla ensuite témoigna de sa froideur :
- Pandora.
C'était donc elle la Pandora dont tout le monde parlait. La jeune fille aux yeux violets, qui voyait les fantômes. D'où le fait qu'elle était des plus solitaires. Dans une école, les élèves qui évitaient les autres se remarquaient rapidement. Lui, personnellement, il préférait ne pas participer à ces rumeurs, ne sachant pas s'il y croyait ou non. Parce que si les fantômes existaient réellement, il préférait éviter de potentielles représailles. Non, lui, il voyait plus la jeune fille comme un nouveau challenge. S'il parvenait à lui parler, à sympathiser - et pourquoi pas plus... - avec elle, cela prouverait aux autres qu'elle n'était pas ce qu'ils pensaient qu'elle était, c'est-à-dire pas folle, pas anormale. De plus, à part un ton froid lors des présentations, peut-être pour montrer qu'une quelconque critique ne la toucherait pas, l'adolescente était une jeune fille comme une autre. Avec de magnifiques prunelles violettes.
- Ravi de faire ta connaissance, finit-il par dire avant qu'elle ne continue.
- Tu veux que j'aille te chercher quelque chose, histoire de me faire pardonner ? Ce serait bien la moindre des choses...
Dylan pencha légèrement la tête sur le côté et haussa un sourcil. Elle serait vraiment capable de lui rapporter son déjeuné pour se faire pardonner de lui avoir renversé de l'eau dessus ? Non, en effet, il la voyait mal rendre ce genre de service. Mais cela mettait en avant sa politesse et en même temps ses valeurs.Le jeune homme sourit, amusé, redressant la tête. Il passa une main dans ses cheveux et quitta Pandora des yeux pour regarder vers le self-service de la cafétéria. Ce serait bien trop simple d'accepter qu'elle lui rende ce simple service. Et il avait déjà bien une autre idée, meilleure selon lui. Il reposa alors ses prunelles bleues sur la jeune fille et lui sourit, secouant légèrement la tête.
- Non merci, c'est gentil. Déjeune plutôt avec moi et j'envisagerai de te pardonner.
Enfin, il disait ça vraiment pour la forme et la forcer à manger avec lui puisqu'au fond, partant du fait que ce n'était que de l'eau, il ne lui en avait pas voulu, donc pas de raison de devoir pardonner. Mais puisqu'il lui en fallait une pour pouvoir déjeuner avec elle. L'adolescent jouait les cartes que lui donnait la vie, le destin, le hasard, ou ce que vous voulez. Et dans le pire des cas, elle refusait. Mais pour bien montrer qu'il ne lui laissait pas le choix, il alla se chercher des pâtes et une petite bouteille d'eau avant de revenir vers Pandora. Assez grand, il n'eut pas de réels problèmes à jouer des coudes malgré son encombrement.
- T'es sûre que tu veux rien manger ?
Il attendit la réponse de l'adolescente avant de pouvoir aller s'asseoir.

- Non merci, je n'ai pas faim. lui répondit-elle alors que son regard se baladait sur l'ensemble du réfectoire.
Dylan, lui, se contentait de la regarder, même si elle lui tournait le dos. Cette fille respirait une certaine assurance selon lui, la confiance en soi. Il suffisait simplement de regarder sa façon de se tenir en ce moment, les gestes qu'elle adoptait. Elle n'était peut-être pas sûre d'elle de nature mais pour l'instant, elle semblait l'être. Ou du moins, elle ne faisait rien pour montrer son manque de confiance en elle. Tout d'un coup, alors qu'elle s'était de nouveau retournée vers lui, il se dit qu'aux premiers abords, elle semblait être une fille difficile à cerner. Et tout le monde sait que celles ayant un caractère pareil sont les plus difficile à s'approprier. Solitaire à la base, elle ne se laisserait pas draguer si facilement.
Ses yeux violets, après s'être posés sur lui, se reposèrent sur la table vide qu'elle avait remarquée peu de temps avant. Elle s'en alla sans dire un mot de plus. Mais son regard avait très bien parlé pour elle, montrant qu'elle ne le fuyait pas mais qu'elle allait simplement s'asseoir. Le jeune homme la suivit, tout simplement. Et quand bien même elle aurait voulu qu'elle le laisse tranquille, il ne l'aurait pas écoutée. Après tout, elle lui en devait bien une.
Quand il arriva à la table choisie et qu'il y posa son plateau, Pandora venait de retirer les deux chaises qu'il y avait en trop avant de prendre place. Dylan s'assit face à elle dès qu'elle retira sa veste en cuir, laissant découvrir un léger pull au magnifique décolleté qui épousait ses formes. Il fallait bien avoué qu'elle était plutôt bien munie et le jeune homme y détachait encore difficilement son regard. Contrairement à la jeune fille qui le détournait partout autour, sauf sur lui. A croire qu'il pourrait la mordre. Non, il était juste beau - et très sûr de lui concernant sa beauté - et cela devait sûrement la déconcerter, ne pouvant le regarder plus d'une minute. Et franchement, ça le touchait, cela lui prouvait qu'au final, il n'aurait peut-être pas tant de mal à se l'approprier. Il se devait juste de faire attention, de son côté, à ne pas être trop envahissant ni trop pressant et pressé. Elle pourrait le rejeter, le fuir et lui n'aurait pas ce qu'il veut.
C'est d'ailleurs pour cela qu'il l'a quitta du regard, s'occupant principalement de son plat. Néanmoins, il avait tout de même encore plusieurs regard pour Pandora. Elle ne semblait pas vouloir engager la discussion pour une quelconque réponse qui lui était inconnue. Il n'avait pas pour habitude de réellement s'intéresser à la vie de ses nombreuses conquêtes et c'était un miracle s'il se souvenait de leur nom par après. Cependant, s'il ne commençait pas le dialogue, cette relation n'avancerait pas et le corps et les formes de la jeune fille l'attiraient bien trop pour qu'il puisse ne serait-ce qu'attendre plus que de coutume. Relevant le nez de son assiette, il posa sa fourchette pour pouvoir passer sa main dans ses cheveux bruns avant de regarder ses yeux violets, lui souriant légèrement.
- Tu dois être au courant des rumeurs, j'imagine, alors pourquoi ne pas les démentir ? Elles ne t'atteignent pas ? Enfin bon, pas que j'y prête réellement attention, mais je me posais la question pour toi.
Non, en effet, il ne prêtait pas attention aux rumeurs. Tant que rien n'était prouvé, cela n'avait pas le mérite d'être dit. A part ça, non, il n'était pas des plus doués pour débuter une conversation anodine avec quelqu'un d'autre. Mais au moins, ça lui permettait d'en apprendre plus sur la jeune fille et ainsi savoir les erreurs à éviter. Il aimait prendre le temps d'avoir une pseudo-histoire, de faire semblant d'apprendre à connaître même s'il n'aimait réellement que rarement. C'était de la sympathie. Mélangé à un certain amusement, ça pouvait mal tourner.
Il ne cessa de regarder la jeune fille dans ses yeux violets, attendant sa réponse même s'il ne doutait pas que c'était un sujet sensible.

Pandora posa ses yeux violets sur lui dès qu'il eut terminé de parler et poser ses questions quelques peu indiscrètes. L'un de ses sourcils se releva presque dans une expression interrogative. Se demandait-elle, par hasard, s'il était sérieux à poser ce genre de questions ? Après tout, il y avait des gens qui s'étonnaient qu'on puisse s'inquiéter de leur santé. Oui, c'était compréhensible pour la jeune fille puisque Dylan ne la connaissait théoriquement pas.
- Je m'en fous, tout simplement. Ils ne comprennent pas ce qu'il m'arrive, et ne pourront certainement jamais comprendre, alors je préfère qu'ils me traitent de folle que de menteuse ou je ne sais quoi. Et puis, leur expliquer me ferait perdre patience trop facilement.
Dylan l'écouta attentivement et resta bien sans voix quand elle eut terminé. Non pas parce qu'il était étonné mais bien parce qu'elle avait directement répondu et de façon on ne peut plus claire. De plus, cela se voyait dans ses yeux, dans la lueur avec laquelle ils brillaient, qu'elle ne faisait pas attention aux rumeurs qui couraient sur elle. Elle les niait, tout comme elle évitait ceux qui les écoutaient. Cependant, avec ce qu'elle venait de lui dire, une nouvelle question fit son apparition dans son esprit. Son expression se défigeant, les yeux cessant de regarder un point invisible, il ouvrit les lèvres pour poser sa question. Seulement, sa voix ne franchit pas cette barrière, le souffle coupé court. Que lui avait-il valu cette réaction ? Pandora, tout simplement. Pandora qu'il regardait toujours de ses yeux bleus. Pandora qui venait de détourner les siens avant qu'ils ne se posent sur le sol. Il l'avait mise mal à l'aise, l'embarras se lisait parfaitement dans ses douces prunelles violettes. Néanmoins, bien vite, elle releva le regard vers l'une des grandes fenêtres du réfectoire, donnant sur l'extérieur. Le jeune homme ne l'avait lâchée du regard et se surprit même à penser qu'elle devait être d'autant plus jolie lorsqu'elle rougissait. Aussi profiteur qu'il était, il devait bien avouer qu'il se satisfaisait de cette situation, d'avoir causer l'embarras chez la jeune fille. Mais rien ne se lisait sur son visage, essayant de retenir un sourire. Il la vexerait, sinon, et il devrait renoncer à pouvoir la conquérir le temps d'un moment.
Légèrement affalé sur sa chaise, il finit par se redresser, passant une nouvelle main dans ses cheveux pour les relever de ses yeux. Assez bon comédien, il abandonna l'idée du sourire pour aborder plutôt une expression désolée. Désolé de l'avoir mise mal à l'aise, bien que cela l'amusait. Mais s'il jouait trop à ce jeu pour pouvoir profiter d'un instant d'embarras, elle finirait par le fuir. Elle comprendrait où il voulait en venir. Et ce serait fini. Il voulait au moins donner plusieurs jours à cette future histoire, si possible, et non une soirée. Peut-être qu'il faisait plus de mal à la fille en agissant ainsi mais, par soucis de conscience, il préférait cette méthode.
- Je vois, répondit-il en regardant finalement son assiette, la continuant - après tout, il avait faim.
Mais voulant remédier à l'embarras de la jeune fille, il la regarda à nouveau, souriant amicalement et déposa sa fourchette en s'adossant à sa chaise. Il avait bien une idée pour aider Pandora mais il fallait qu'il donne du sien en échange. Mais ça, à la limite, ce n'était pas un problème pour lui, il pouvait déballer toute sa vie sans problème. Le passé était le passé. Lui, il voyait de l'avant. C'est en pensant ainsi qu'il inspira profondément, regardant ses beaux yeux d'un violet envoutant.
- J'ai un petit jeu à te proposer, pour éviter que tu te sentes interrogée et sois la seule à déballer tout de ta vie.
Il se tut, laissant passer un temps de pause, laissant le temps à sa phrase d'acheminer dans l'esprit de la jeune fille aux cheveux de jais, lui laissant le temps, aussi, de trouver des mots pour ce qu'il voulait dire par après. Et alors, un petit temps passé, il continua, partant du fait qu'elle serait d'accord :
- J'explique : tu poses une question, j'y réponds et te pose une autre question à laquelle tu réponds et ainsi de suite. Les règles sont simples : une seule question à la fois et il est obligatoire d'y répondre. Par une réponse sincère, de préférence, c'est quand même mieux si on ne se ment pas, n'est-ce pas ? sourit-il. Puisque je t'en ai déjà posée une, à toi !
Non, en effet, il ne lui laissait pas trop le choix, mais elle pouvait toujours refuser. Et puis, s'il était à sa place, il aurait profité de ce jeu pour se venger de l'embarras occasionné plus tôt.

Dylan observa les réactions de Pandora, voir comment elle pouvait bien réagir face à un mec qui lui proposait un jeu en la forçant quelque peu à y jouer. Un sourire naquit sur les lèvres du jeune homme. Il ne s'attendait à rien d'autre qu'une question bien méchante qu'elle lui poserait pour se venger. Cela se lisait dans ses yeux qu'elle n'était pas le genre de fille à se laisser marcher sur les pieds et gare à celui qui s'y frottait. Alors vous devez bien devinez son étonnement quand il entendit la voix de Pandora :
- Quel est ton pouvoir ?
Dylan ne réussit pas à cacher son étonnement, c'est pourquoi il regarda la jeune fille avec des yeux grands ouverts. C'était de loin la question la plus bateau qu'il ait jamais entendu. Mais puisqu'elle la posait, il se devait d'y répondre. Pourquoi poser des règles soi-même si au final on ne les respecte pas ? A part descendre la pente de l'estime chez l'autre. Et puis, c'était loin d'être une question débile, ils apprendraient à se connaître. Jamais être trop pressé. De plus, si elle continuait comme ça, il y aurait forcément un moment où elle approfondira un sujet dérangeant.
- La terre.
Enfin, il aurait tout de même préféré savoir le contrôler, ce pouvoir. Pour offrir de jolies fleurs à de magnifiques jeunes filles sans effort. Mais comme le fait qu'il sache le contrôler ou non ne faisait pas partie de la question, il n'en dit pas davantage. Il ne cessa non plus de regarder Pandora, quitte à la mettre mal à l'aise. Quelque chose d'infime avait changé chez elle mais il ne parvenait pas à savoir quoi. Et cela le troublait. Cela avait-il un rapport avec sa question ? Ou la réponse qu'il avait donnée ? Le jeune homme inspira profondément, relevant ses yeux bleus au plafond,  réfléchissant à sa question. Il n'avait pas posé de conditions sur le fait de retourner les questions. Rien ne l'empêchait de le faire et de poser cette même question à la jeune fille. Mais c'était moins marrant, il fallait l'avouer, et cela prouvait un certain manque d'imagination. Cependant, il voulait vraiment savoir pourquoi elle avait été admise ici. Bon. Il allait faire une petite exception à ses propres règles et il s'arrangera sur la suite pour ne plus recopier les questions de Pandora et trouver lui-même ses idées. Il reposa donc ses prunelles sur celles de la jeune fille, ayant fini de réfléchir.
- Et toi, c'est quoi ton pouvoir ?
Après tout, cela lui permettrait aussi de se faire une idée de qui elle était, en dehors de toutes ces rumeurs. Et puis, pour être franc, tant que la fille était mignonne, il se fichait pas mal des autres problèmes. La personnalité, certes, était importante, elle ne devait pas être trop encombrante, mais après tout, ce n'était l'histoire que d'un petit temps.

La jeune fille, perdue dans ses pensées, finit par soupirer. Mais Dylan ne dit rien à ce propos. A vrai dire, il avait à peine remarqué cette expiration désarmée. C'est pourquoi il se contenta de poser la question qu'il avait décidé de poser pour son jeu. Question qui se trouvait être problématique, vu la réaction de la jeune fille aux yeux violets. En effet, il eut à peine fini sa phrase qu'elle détourna ses prunelles, les posant au sol avant de les relever vers les fenêtres. Le jeune homme l'observa, suivit ce manège d'un oeil attentif, un sourcil dressé. Jamais il n'aurait pensé qu'une si bête question puisse mettre quelqu'un aussi mal à l'aise. A moins qu'on ait quelque chose à cacher. Les yeux bleus de Dylan brillèrent d'une lueur attentive. La réaction de Pandora avait de quoi étonner n'importe qui, particulièrement lui qui voulait tout savoir de la jeune fille.
Il se redressa sur sa chaise sans la quitter des yeux. Elle mettait un bon moment à trouver une réponse. Et pourtant, ce n'était pas une question à laquelle il fallait beaucoup réfléchir. Il y avait vraiment quelque chose qu'elle voulait cacher. Pourquoi ? Peut-être était-ce un secret qu'elle voulait garder afin de ne pas mettre en danger leur début de relation ? C'était possible... Mais pour un pouvoir ! Dylan était bien trop superficiel, quelques fois, pour s'en inquiéter autant. Mais ce n'était pas ce que devait penser Pandora, puisqu'elle était encore en train de réfléchir, alors qu'il ne la lâchait pas du regard. Enfin, elle reposa ses prunelles violettes sur lui.
- Heu... Je... Je suis obligée d'y répondre ? demanda-t-elle d'une voix tremblante.
Il ne se rappelait pas avoir eu de voix aussi mal assurée de sa part. Le sujet devait vraiment la toucher pour qu'elle réagisse ainsi. De plus, le regard qu'elle lui portait était empli de désolation et de supplication. Mais aussi de... De la peur ? Finalement, il semblerait que ce soit vrai, elle avait sûrement peur d'être rejetée. Dylan haussa les sourcils, ouvrant des yeux ronds, avant de se renfrogner tandis qu'il fouillait dans sa mémoire pour se souvenir s'il n'avait pas dit qu'ils devaient répondre honnêtement à toutes les questions. Eh bien oui, il avait bien spécifié ! Mais la jeune fille semblait si mal à l'idée de devoir répondre...
Le jeune brun s'accouda à la table, se penchant vers elle, et sourit d'un air compréhensif alors que ses yeux brillaient de malice. Bien mauvaise malice, si elle savait ! Son sourire n'était là que pour tromper, pour ceux qui oublient de lire dans les yeux, ou qui n'y parviennent pas. Il lui jeta néanmoins un regard désolé - et sincère - avant de lui répondre franchement :
- Oui. Mais...
Il laissa volontairement un blanc, faisant semblant de réfléchir au sens de ses mots et à leur impact. Ayant trouvé, il sourit malicieusement, une lueur joueuse dans les yeux.
- Mais on peut bien un peu changer les règles. On ajoute des jokers. Comme tu dois t'en douter, il nous permettra de ne pas obligatoirement répondre à la question posée. Sauf qu'il est bien trop facile de donner un joker sans rien en échange. Alors, contre un joker, celui qui l'a demandé doit faire ce que lui demande l'autre, sans pour y réchapper, cette fois. Et bien sûr, je pense que c'est clair, le gage en échange du joker n'est donné qu'une fois que le joker a été choisi, donc pas avant. Mais comme je suis gentil...
Il repoussa sa chaise de quelques centimètres afin de pouvoir se relever. Il posa ses mains de part et d'autre de la table pour pouvoir se pencher sans perdre l'équilibre vers Pandora, et lui murmurer à l'oreille d'une voix mielleuse :
- Je te donne ma condition : embrasse-moi et tu ne devras plus répondre à la question.
Une fois sa phrase achevée, Dylan recula. Lentement. Pour bien profiter de la promiscuité. Parce que oui, il savait que la jeune fille ne l'embrasserait pas. Les filles s'accrochent à trop de principes pour embrasser le premier venu. De plus, le fait qu'il ait dit sa condition avant qu'elle ne choisisse entre répondre ou le joker était réfléchi. Elle avait mis tellement de temps à trouver une réponse pour finalement demander à ne pas répondre que cela avait attisé la curiosité du brun, qui pourtant n'était pas son plus gros défaut. Alors, passant au-delà de son envie de l'embrasser, il préféra avoir d'elle une vraie réponse. Même si, au final, il aimerait bien lui arracher un baiser. Mais chaque chose en son temps !

L'effet qu'il cherchait à donner à sa pauvre condition n'eut pas l'effet escompté. En effet, si la jeune fille n'avait pas bougé, elle s'était néanmoins crispée à un point insoupçonné pour quelqu'un se comportant normalement. Elle avait réagi comme cela dès qu'il s'était approchée d'elle. Sa phrase en elle-même lui avait apporté une légère toux. Il avait un don pour les phrases qui coupaient les autres de leurs pensées et leur manquait l'étouffement. Sauf que généralement, l'étonnement passé, les filles riaient doucement et rougissaient comme des collégiennes timides. Mais Pandora n'était pas une fille comme les autres. Bien au contraire. Il l'avait pressenti avant même de lui avoir adressé la parole. Elle. Elle réagissait froidement. Dès qu'elle se reprit, elle plongea ses yeux violets dans ceux, bleus, du jeune homme. Et bien que ce soit lui qui soit doté des yeux bleus faisant penser à de la glace, le regard le plus froid était de loin celui de la jeune fille. Cette froideur dépassait même la colère, ou tout autre sentiment, qu'elle aurait pu ressentir. Cette froideur était ce qui frappait. Un frisson le parcourut mais il n'en montra rien. Néanmoins, la touche de déception qu'il ressentait à ce refus ne put être cachée. Dylan recevait rarement des refus, et quand c'était le cas, il était déstabilisé. Mais bien qu'il s'était attendu à ce qu'elle ne l'embrasse pas, il avait tout de même attendu une réponse à sa question.
- Je ferais mieux d'y aller.
Sa voix exprimait bien son désir de partir, et elle laissait un Dylan sans voix. Il s'était légèrement redressé, les yeux écarquillés, pour ne pas entrer en collision avec Pandora quand elle se leva. Debout, pantois, il la regarda empoigner sa veste et faire quelques pas pour s'éloigner. Enfin non, pas quelques pas, elle partit, tout simplement. Sans plus de cérémonies, sans un mot de plus. Même pas un regard. Lui, du contraire, il la suivit des yeux jusqu'à ce qu'elle ait disparu parmi les élèves. Mais bien qu'il la regardait, il ne semblait pas la voir. Du moins, jusqu'à ce qu'elle disparaisse totalement de sa vue. Il reprit enfin ses esprits et regarda autour de lui, toujours déstabilisé. Les personnes présentes le regardaient de différents sentiments. N'importe qui se faisant rejeter comme il venait de l'être attirait l'attention. Mais il ne fit attention à personne d'autre qu'à Pandora, c'est pourquoi il partit à sa suite, laissant les affaires sur la table.
- Pandora ! Pandora, attend !
Mais elle ne s'arrêtait pas. Il était sûr, pourtant, qu'elle l'entendait. Elle ne voulait juste plus lui parler, plus en entendre parler. Tout ça pour un baiser qu'il n'avait même pas eu ?! Il grogna. Elle voulait jouer, hein ? Eh bien ils seront deux ! Il la fera craquer. Il l'aura. Elle sera sienne. Il arriverait à ses fins.
Quand il passa les portes de la grande salle, il la vit plus loin, agenouillée devant un grand chien qui lui léchait le visage, visiblement content de le voir. Mais elle se releva, l'ayant sûrement entendu arriver, et continua son chemin. Dylan plissa ses yeux bleus. Si bien qu'il n'en resta que deux fentes. Et il s'élança à la suite de la jeune fille. La rattrapant, il la retint par le poignet et la força à s'arrêter, bien qu'il ait bien fait attention à ne pas lui faire trop mal.
- Pandora, siffla-t-il, se fichant du chien qui semblait mécontent de sa visite, ça fait cinq minutes que je t'appelle !
Il desserra sa prise sur son poignet en soupirant. Paraître brusque n'aiderait pas les choses, alors son visage s'adoucit.
- Pourquoi tu es partie comme ça ? D'accord, c'était stupide, mais tu es vraiment jolie. Aussi, il suffisait de répondre à la question. Cela n'allait pas te tuer, quand même...
Jetant un coup d'oeil rapide au chien, il reporta bien vite sa concentration sur la jeune fille aux cheveux de jais, et il regarda le poignet qu'il tenait toujours. Non, il ne pouvait se résoudre à la lâcher, il n'avait pas envie qu'elle s'en aille de nouveau. Le jeu du chat et de a souris, ça allait un peu, mais il n'était pas des plus patient.

La jeune fille ne se dégagea pas de la prise de Dylan, peut-être trop surprise. Mais son regard n'en montrait pas moins la froideur qu'elle portait à son égard. Même son chien lui grondait dessus, les babines retroussées. Le jeune homme savait qu'il suffisait d'un geste, d'une parole, de Pandora pour que le canidé lui saute dessus. Mais elle fit le contraire, lui faisant un geste comme quoi il devait se calmer. Mais le chien était toujours aussi fébrile, bien qu'il le montra moins. A peine dit-il ces mots qu'il les regretta. Surtout quand il lui rejeta la faute dessus. Que lui avait-il pris ? Cela lui avait semblé... Non, les paroles étaient juste sorties d'elles-mêmes. Mais à en voir l'attitude de la jeune fille, cela démontait ses propos. Et elle ne tarda pas à lui dire sa façon de penser :
- Qu'est-ce que tu en sais ? C'est bien facile pour toi, qui contrôle la terre, personne ne te regardera de travers, mais moi ? Mon plus lointain souvenir remonte à mes 12 ans, pourquoi ? Parce que moi, mon pouvoir me prend tout. Peut-on même le qualifier de pouvoir ? Malédiction serait peut-être plus exact. Il ne s'écoule pas un jour sans que je doive me concentrer pour différencier les gens vivants de ceux que moi seule peut voir ; les morts. Il ne s'écoule pas un instant sans que j'aie peur de tomber sur un oiseau mort, un renard blessé ou quelque chose comme cela, de le soigner ou de le ressusciter par erreur. Il ne s'écoule pas une seule seconde sans que les autres me rappellent que je suis qualifiable d'intrus, dans cette école. Ça doit être bien facile pour toi de dire que ça n'allait pas me tuer de te dire tout ça, alors que tu ne sais rien de ce que je vis chaque jour !
Elle plongea ses yeux si extraordinaires dans les siens, une lueur de défi y brillant au fond. Il sut qu'il ne devait plus la chercher, ne plus rien lui dire, elle pourrait bien le frapper. Et de toute façon, il était bien trop sans voix pour pouvoir lui rétorquer quoique ce soit. Jamais il n'aurait pensé que son pouvoir lui était si insupportable, qu'elle vivait dans la crainte et les moqueries chaque jour dont elle aurait dû profiter. Et il s'en voulut. Il n'était pas du genre à se soucier d'avoir blessé des gens mais à présent, c'était différent. Il était dégoûté, mépris, de lui-même, d'avoir poussé à bout une fille qui ne demande qu'à avoir une vie normale. Et que répondre ? Lui qui ne savait même plus identifier ses propre sentiments ! Il entrouvrit les lèvres, à la recherche de mots, alors que son regard se perdait dans celui de Pandora, alors que sa main sur son poignet se desserrait. Il ne voulait plus qu'elle le regarde avec ces yeux aussi froids que la glace, qu'elle pense de lui ce qu'elle pensait à l'instant et ce depuis qu'il avait été trop loin dans son délire. Il devait se reprendre, bon sang ! Il devenait si sensible, c'en était alarmant. Mais il n'y pouvait rien.
Il récupéra le poignet de la jeune fille, qu'il avait failli lâcher à force de desserrer, et il l'attira contre lui, refermant ses bras sur elle si l'idée de s'en aller lui venait. Il se doutait bien qu'elle n'aimait pas être approchée mais il tenait à ce qu'elle sache qu'il était désolé, et il n'avait pas de mot pour l'exprimer. Quoi de mieux que les gestes, alors ? Et puis, elle disait être traitée comme une intruse dans l'école, n'avait-elle donc pas besoin de contacts, de sentiments, humains ? De se sentir elle-même comme quelqu'un ayant sa place ici comme tout le monde.
- Je.. Je suis désolé, chuchota-t-il d'une voix éraillée et il la relâcha ensuite, sachant qu'il finirait par se faire frapper. En effet, je ne sais rien de ce que tu vis chaque jour et je ne pensais pas que c'était si effrayant. Je regrette de t'avoir emmerdé. Libre à toi de me croire ou non.
Son regard montrait bien qu'il était désolé et qu'il regrettait réellement. Mais il était aussi sûr que Pandora faisait comme tout le monde, mettre les gens dans des sacs et ne plus changer leur jugement sur eux. C'était dommage mais ainsi. Alors il n'espérait pas trop. Son regard bleu se perdit d'un coup, regardant par-dessus l'épaule de la jeune fille, observant l'horizon et le vide.
- Je ne me souviens pas non plus de mon passé et je ne m'en porte pas plus mal. Il suffit de profiter du jour présent pour créer tes souvenirs de demain.

J'aurai aimé m'en aller, mettre fin à cette discussion. Oui, j'en avais envie. Et pourtant je restais là, à le foudroyer du regard, à le défier d'oser rétorquer quoi que ce soit de méchant. Pourtant, il n'en fit rien. Il entrouvrit bien les lèvres pour parler, mais aucun son n'en sortit. Sa main se desserrait sur mon poignet, peu à peu, mais j'attendais que ce soit lui qui me lâche et pas moi qui me libère. J'ignorais la raison de cette volonté, c'était comme si je ne voulais pas partir, comme si je désirais qu'il confirme mon jugement. Mais il récupéra mon poignet presque aussitôt, alors qu'il lui avait presque échappé. Et c'est alors qu'il eut certainement l'un des gestes les plus étranges et auxquels je ne me serai jamais attendu. Il m'attira contre lui, me prenant dans ses bras comme si c'était l'acte le plus naturel au monde. Tous mes muscles se raidirent  aussitôt, tandis que mon souffle s'interrompait. Du plus loin que remontaient mes souvenirs, c'était la première fois qu'on témoignait... Pourrais-je parler de sentiments ? Venant de lui, surtout ? Car il ne cherchait qu'à m'ajouter sur son tableau de chasse, j'en étais certaine. Or, je n'avais pas la moindre envie de servir de proie, même s'il était mignon (car il faut bien l'avouer...). Et Démence elle-même semble surprise, désemparée, cas son grondement s'arrête net. Et je suis prête à parier qu'elle nous observe d'un drôle d'air. Pourtant le murmure de Dylan, d'une voix éraillée retentit à mon oreille, avant qu'il ne me lâche et recule :

- Je... Je suis désolé... En effet, je ne sais rien de ce que tu vis chaque jour et je ne pensais pas que c'était si effrayant. Je regrette de t'avoir emmerdé. Libre à toi de me croire ou non.

Il avait l'air sincère ; son regard le prouvait. Pourtant on y lisait aussi qu'il ne nourrissait pratiquement aucun espoir de se faire pardonner. Mais c'était mal me connaître. Si je ne pardonnait pas aux gens qui le méritaient, je n'avais aucune chance de me faire un jour acceptée par qui que ce soit. Et puis, c'est mon caractère qui le voulait. J'avais beau être froide et distante, mon don m'avait également appris les vraies facettes de la vie, celles qui échappaient à la plupart des personnes. Si bien que je me trouvais incapable de porter un jugement sur quelqu'un et de le conserver à jamais. Les gens changent, que cela vous paraisse incroyable ou non. Brusquement, le regard de Dylan se perdit dans le vague, semblant observer quelque chose par-dessus mon épaule sans le voir. Je fronçai les sourcils, mais je compris son attitude quand il reprit la parole :

- Je ne me souviens pas non plus de mon passé et je ne m'en porte pas plus mal. Il suffit de profiter du jour présent pour créer tes souvenirs de demain.

Je détournai presque aussitôt les yeux, après avoir observé son visage quelques secondes, mal à l'aise. J'avais accidentellement touché une corde sensible apparemment. Et pourtant, ses paroles me donnaient encore en vie de le haïr. "Il suffit de profiter du jour présent pour créer tes souvenirs de demain" ? Ouii, bien sûûr ! Et écouter toutes les moqueries, les prendre avec le sourire et me lier d'amitié avec mes ennemis, aussi ? Bien sûûûûr ! Et puis quoi encore ?! Voilà, je recommençais à m'énerver. Mes yeux se posèrent sur Démence, restant silencieuse. Elle m'observa à son tour, penchant légèrement la tête sur le côté, curieuse. Je soupirai, puis mes prunelles se reposèrent sur Dylan, répondant d'une voix... plus faible, plus mesurée, peut-être même plus craintive -dans le sens où je ne désirais pas le blesser- :

- Je te crois...

Ma voix resta en suspens, comme si ma phrase était inachevée. Et d'une certaine manière, elle l'était. Il n'était pas le seul fautif, et j'en étais consciente, alors je continuai :

- Et je suis désolée de m'être énervée, c'était idiot.

Et je pensais ce que je disais ! C'est pour cela qu'à peine les premiers mots étaient-ils sortis de ma bouche que je détournai le regard sur le côté, fuyant le sien sans même m'en cacher. Cette fois-ci, ma voix était bien plus faible encore, presque seulement un murmure. Ce n'était peut-être pas la seule chose que je regrettais... Je chassai ces pensées prestement, inutile de continuer sur ce chemin-ci, il était truffé de mines. Me rappelant de ses deuxièmes paroles, je repris d'une voix plus forte, plus normale, mais amère :

- Mais je l'ai déjà dit, je n'ai pas vraiment de quoi profiter de mes journées, ici... Je ne suis la bienvenue nulle part.

Mon regard ne s'était pas reposé sur lui, je n'en avais ni la force, ni l'envie. Affronter ses yeux bleus, ce serait trop m'en demander. Alors je balayais le parc du regard, sans un mot de plus, attendant une quelconque réaction de sa part.

Elle se raidit dès qu'il la prit dans ses bras, il l'avait senti. Comment ne pas le sentir alors qu'il avait le corps de celle qu'il enviait presser contre le sien ? Mais le moment était mal choisi et son esprit occupé à autre chose pour qu'il pense aux avantages de cette situation. Il la relâcha et recula. Mais si elle avait parut mal à l'aise quand il l'avait prise dans ses bras, c'était maintenant à lui de faire part d'un certain malaise. Quand il disait qu'il ne se souvenait pas de son passé, il disait vrai. Il s'était recréé une enfance avec une base solide ; une enfance où tout est parfait, où il était heureux. Son père avait donc changé du tout au tout du jour au lendemain. Au final, même s'il se voilait la face et qu'au fond - si bien caché qu'il ne le ressent pas - il ne se faisait pas du bien, il n'en vivait pas plus mal. Si ça lui permettait de ne pas être malheureux, il était prêt à faire ce sacrifice. Mais il ne semblait pas comprendre que ce n'était pas l'avis de tous. Pandora ne se souvenait pas de son passé et elle en souffrait, souffrance accentuée par les moqueries des autres. Ils étaient tous deux en tort : lui parce qu'il prenait son cas pour une généralité, refusant de se dire qu'on peut ne pas penser comme lui, et elle parce qu'elle avait touché un point sensible. Dylan avait beau se dire heureux comme il était aujourd'hui, cela restait un sujet difficilement abordable. Il ne revint d'ailleurs à lui que quand il entendit la voix de la jeune fille. Et encore, il crut d'abord avoir rêvé tant elle était basse et faible. Il aimait parfois feindre la tristesse pour calmer les filles qu'il aurait énervées mais en cet instant, tout était réel.
- Je te crois...
Sa voix resta en suspend mais ces trois seuls mots suffirent à redonner une lueur vivace dans le regard bleu du jeune homme. Ses yeux se reposèrent sur elle, attendant une potentielle suite à ses paroles. Il était soulagé qu'elle le croie. En effet, il aurait pu croire qu'elle ne pourrait pas voir qu'il était réellement désolé. Il ne la connaissait pas beaucoup et on ne peut se fier à 100% à l'apparence des gens. Néanmoins, la voix de Pandora était restée sans suite, y aurait-il un "mais" à sa phrase ?
- Et je suis désolée de m'être énervée, c'était idiot.
Sa voix n'était qu'un murmure, et à peine eut-elle terminer sa phrase qu'elle détourna ses yeux violets du regard de Dylan, fuyant ce dernier. Il ne put retenir un sourire. Elle prouvait par ses gestes la véracité de ses paroles. Finalement, ils n'étaient que deux beaux idiots qui ne pouvaient s'empêcher de blesser l'autre. Si un jour il sortait avec cette fille, cela se finira dans un bain de sang. Et pas celui de la jeune fille. Mais il n'en était pas encore à ce stade, et pour l'instant, il était encore vivant malgré les menaces qu'il avait reçu de ses conquêtes passées et les préventions des futures.
Pandora sembla se rappeler de la suite des paroles du jeune homme. Point de vue qui ne devait pas lui plaire. Ses yeux ne se reposèrent pas sur Dylan, bien qu'il en ait l'envie profonde, l'envie d'admirer ces yeux à la lueur si étrange, ces yeux qui vous transperçaient de part en part, qui semblaient pouvoir lire en vous, qui prouvaient de la dureté de la vie.
- Mais je l'ai déjà dit, je n'ai pas vraiment de quoi profiter de mes journées, ici... Je ne suis la bienvenue nulle part.
Un soupire échappa au jeune homme. Loin qu'il soit désemparé face aux paroles de la jeune fille, il n'était jamais à cours d'idée, ne renonçait que rarement, mais il devait avouer qu'elle était bien pessimiste. Non, pas pessimiste, réaliste. Si elle parlait en ces termes, elle savait comment elle vivait. Et lui savait à quel point il était difficile de se sortir de la case où vous avaient rangé. Mais c'était possible avec beaucoup de volonté, pour les plus désespéré. Tout était toujours une question de volonté pour Dylan. Chacun sa façon de voir les choses.
Alors qu'elle balayait le parc du regard, le jeune homme passa une main dans ses cheveux sans la quitter des yeux. Il souriait. Le Dylan qui ressassait le passé était déjà parti, en un rien de temps. Il était comme ça. Son passé ne lui revenait jamais bien longtemps à la figure. Il n'oubliait pas, il mettait de côté. Il avait ses priorités. Pour l'instant, il était face à une jolie fille qu'il avait blessée et qu'il tentait de récupérer. Pas de place pour ses souvenirs trop envahissants, pas le temps pour la nostalgie et la tristesse.
- Ce n'est rien, j'ai moi-même été un peu idiot...
Il pencha ensuite la tête en réfléchissant aux paroles de Pandora. Pas de quoi profiter de ses journées ici ? Il suffisait de l'appeler et il allait arranger les choses ! Mais vu comment elle avait réagi pour le baiser, il ne doutait pas qu'elle réagisse exagérément mal s'il disait ce à quoi il pensait. Néanmoins, Dylan ne serait pas lui sans ce genre de réflexion. C'est donc tout naturellement qu'il sortit, en se redressant :
- Bien sûr que si ! Je ne sais plus dans quel Disney ils disaient ça, mais c'était quelque chose comme : "On a tout un endroit où on sera le bienvenu, et c'est là où nous aura mené notre coeur.". Mais ce n'est peut-être pas un Disney, et je dois sûrement mélanger deux références... Enfin bref. Tu sais, tu seras toujours la bienvenue entre mes bras, continua-t-il d'une voix plus sérieuse que quand il avait commencé à parler.
Pour appuyer ses paroles, il écarta les bras et lui sourit tendrement. Il n'en perdait pas une pour profiter de la situation. Il était à présent loin le Dylan blessé et perdu dans ses pensées. Retour au profiteur et dragueur.

Dylan laissa échapper un soupire puis passa une main dans ses cheveux sans me quitter du regard, un sourire aux lèvres. Mais je n'y fis pas plus attention, balayant les alentours du regard, fuyant délibérément ses yeux d'un bleu trop bleu (o/).

- Ce n'est rien, j'ai moi-même été un peu idiot...

Mon regard se ramena sur lui, tandis qu'il penchait la tête pour plonger dans ses pensées. Après quelques instants il se redressa pour déclarer sans beaucoup de sérieux :

- Bien sûr que si ! Je ne sais plus dans quel Disney ils disaient ça, mais c'était quelque chose comme : "On a tout un endroit où on sera le bienvenu, et c'est là où nous aura mené notre coeur.". Mais ce n'est peut-être pas un Disney, et je dois sûrement mélanger deux références...  

Un sourire naquit sur mes lèvres, amusée. Ah ! Lui pour parler, il parle, hein ! Et puis, le savoir encore dans l'âge des Disney, c'est amusant. Pour ma part, je ne sais même pas si j'en ai un jour regardé ne serait-ce qu'un seul... Mais il me coupa dans mes pensées en ajoutant avec beaucoup plus de sérieux :

- Enfin bref. Tu sais, tu seras toujours la bienvenue entre mes bras.

Il écarta les bras et me sourit... tendrement ? Je fronçai le nez, surprise et désemparée, mais surtout -un tout petit peu- en colère qu'il recommence à peine les excuses faites ! Il me dégoutait.

- Et ma main, elle est aussi la bienvenue ?! (Je te raconte pas le sous-entendu formidable que mon esprit a fait o/ Vas-y, répond que ça dépend où 8D )

Ma voix était glaciale et emplie de colère ; à nouveau. Je le foudroyais d'un regard noir, et pourtant, tout au fond, tout tout tout au fond, j'étais flattée.

Un sourire naquit sur le visage de Pandora quand Dylan parla des films d'animation Disney. Peut-être avait-on l'impression que le jeune homme n'était pas le genre à pouvoir parler de simples dessins animés, mais, comme tout le monde, il avait aussi droit à ses moments de gaminerie. Bien qu'il ne pense pas ainsi puisque pour lui, cela reste un film comme un autre, et il devait avouer qu'il y en avait des particulièrement bien réussi.
Mais elle avait beau sourire, quand il termina sa dernière phrase sur un sourire pourtant tendre et écarta les bras, son sourire disparut et elle fronça le nez. D'accord, il avait recommencé à la draguer sans attendre que ses excuses soient totalement acceptées, mais il était sincère. Enfin, il y avait une part de vérité, derrière toute la drague. Mais Pandora était le genre de fille à ne pas voir ce côté-là.
- Et ma main, elle est aussi la bienvenue ?!
Sa voix était glaciale et y résonnait toute la colère qu'elle avait pour le jeune homme. Elle le foudroya d'ailleurs du regard, alors qu'il la regardait avec des yeux écarquillés. Jamais il ne l'aurait pensée capable de... Ah, bah si, il l'imaginait parfaitement bien capable de dire ce genre de phrase sur un tel ton. N'avait-elle pas que du mépris pour lui ? Cela ne l'empêchait pas d'être surpris en l'entendant. Cependant, passé l'étonnement, alors qu'il rabaissait les bras, une lueur incitant peu la confiance, à la limite du pervers, traversa son regard pourtant si innocemment bleu (8D). Il observa Pandora avec ces mêmes yeux et lui offrit un sourire allant de paire avec son regard, le genre de sourire pervers et malsain. Il glissa une main dans ses cheveux sans se départir de son sourire. Il s'approcha d'elle et lui fit un clin d'oeil.
- Cela dépend où, mais je suis plutôt pour.
Sa voix était grave mais suave, pleine de sous-entendus loin d'avoir voulu être cachés. S'il avait voulu, il aurait pu être beaucoup plus franc. Mais la forme ne le voulait pas.

Dylan écarquille les yeux, visiblement surpris. Après quelques secondes d'immobilité, ses bras retombent le long de son corps, et son regard change. Une lueur y naît, tout au fond, grandissant peu à peu pour l'emplir. Et cela me fait frissonner. Je n'aime pas ce regard. Je n'aime pas cette étincelle. Et je n'aime pas non plus son sourire et sa façon de m'observer. Son expression est malsaine et n'inspire pas la confiance. Perverse... Voilà le mot exact. Il passe une main dans ses cheveux -décidément, c'est une habitude chez lui !-, et s'approche de moi. Tous mes muscles se raidissent, tandis que je soutiens son regard du mien, glacial et noir à souhait, incapable de reculer, de protester. Il me fait un clin d'oeil en répondant d'une voix grave et suave :

- Cela dépend où, mais je suis plutôt pour.

Elle est emplie de sous-entendus délibérément laissé en évidence. Si bien que je ne peux les nier. J'écarquille les yeux, surprise, désemparée, peut-être même choquée, même si ce mot est trop fort. Mes lèvres s'entrouvrent, comme pour inspirer une grande goulée d'air avant de sombrer dans le néant. Plus aucune pensée ne parvient à déchirer le voile qui s'est posé sur mon esprit. Je reste immobile, raide, muscles tendus, le souffle coupé. Je ne pense plus, je ne respire plus et mon coeur ne bat plus. Il vient de me tuer par ses sous-entendus. Rha hum... Donc je disais...
Mon coeur reprend enfin du service, j'aspire une énorme goulée d'air, brusquement, gonflant mes poumons à une vitesse que je ne me croyais pas capable d'atteindre, mais ce n'est pas pour autant que mon cerveau se remet à fonctionner normalement. Ma surprise ne doit pas échapper à Dylan, d'autant plus qu'elle est prouvée par mon silence et mes yeux écarquillés plongés dans les siens. L'idée qu'il puisse profiter de la situation ne me vient même pas. Comment peut-il imaginer cela ? De moi ?! Brr... Ça m'en donne des frissons. Fuir. J'ai juste envie de le fuir. Je n'ai même plus la force de m'énerver contre lui, il m'a vidée. Et pourtant, mes jambes, mes muscles ne répondent pas. Aucun mouvement ne m'est possible, je reste plantée devant lui, impuissante, désemparée. Je crois qu'on peut finalement parler de choquée. Et s'il pense cela... Qu'a-t-il donc bien l'intention de réellement faire ? Mais ces pensées-là m'échappent, mon cerveau reste focalisé sur sa phrase, sur des questions simples et sans chercher plus loin. Mes yeux se sont légèrement rapetissés, reprenant une taille normale, mais la surprise n'a pas disparu.

A peine s'approcha-t-il d'elle qu'elle tendit le moindre de ses muscles. Voulu ou non, Dylan s'en fichait éperdument. Elle soutenait son regard, elle était énervée. Et lui s'amusait et profitait de la situation. Car après sa fameuse phrase digne de lui, elle écarquilla les yeux. La surprise se lut dans son regard, tant et si bien que l'on remarquait que la situation lui échappait. Choquée ? Perdue ? Effrayée ? Dylan s'amusait de ses plus petites réactions. De plus, il pencherait surtout pour la première possibilité. En effet, non seulement le regard de la jeune fille avait perdu la lueur de colère qui y brillait, remplacée par... Eh bien, rien, mais en plus elle ne bougeait pas d'un poil. Elle le regardait bien dans les yeux, mais le voyait-elle seulement ? Elle entrouvrit les lèvres et le jeune homme se prépara déjà à recevoir une réplique cinglante appuyée d'une gifle, bien qu'il n'en montra rien par son apparence. Il ne se départit pas de son sourire, auquel s'ajouta l'amusement de la réaction qu'il avait provoquée à Pandora. Seulement, rien ne vint. Cette dernière semblait réellement figée sur place, le regardant d'un air légèrement absent. Voilà, il l'avait choquée. Par une simple petite phrase qui pourtant lui semblait tant habituelle. Pas pour tous, à ce qu'il voyait.
Dylan l'observa sans bouger non plus. Il attendait toujours un geste de la jeune fille. Mais comme elle ne bougeait toujours pas, il venait à douter de son état conscient. L'était-elle, en fait ? Ou allait-elle rester ainsi encore longtemps ? Et lui, que ferait-il pendant ce temps ? Mais il n'a le temps de ne se poser aucune autre question qu'il remarque que les yeux de Pandora reprennent leur taille habituelle. Néanmoins la surprise ne cesse d'y résider. D'autant plus qu'elle se refusait toujours le moindre geste. Il sourit d'autant plus. Il ne le voyait que comme un amusement, mais pour quelqu'un d'extérieur, le voir ainsi s'amuser de sa surprise avait quelque chose de malsain. Il n'était pas dangereux, il n'irait jamais jusqu'à violer une fille - il n'en avait généralement pas besoin puisqu'elles venaient d'elles-mêmes. Mais il pouvait se montrer très insistant quant à ses attentes. Et il ne faut pas vous préciser que pour l'instant, ce qu'il veut, c'est la jeune fille qui lui fait face. Quand bien même il doit légèrement lui forcer le passage vers ses bras.
Quand on parle de forcer, la jeune fille n'a toujours pas bougé et Dylan commença de plus en plus à douter. Pour en arriver à un acte que l'on put décrire d'irrécupérable. Puisque Pandora semblait toujours aussi choquée de sa phrase, le jeune homme en profita : déjà assez proche d'elle, il glissa un bras à sa taille. Enfin, si cela avait pu être la taille... A son grand damne, il se trouva assez téméraire pour poser sa main légèrement en-dessous de la ceinture. Il se pencha vers elle et posa ses lèvres sur les siennes dans un baiser pourtant "chaste" (à noter que ce mot n'a pas la même définition chez Dylan et les autres !), bien qu'il ait eu envie de plus. Il ne se redressa pas tout de suite, mais plaça sa tête à côté de celle de la jeune fille, alors que sa main retournait à un endroit plus décent.
- Cela ne sert à rien de vouloir m'éviter, lui susurra-t-il.
Il se redressa juste après avoir fini sa phrase et la ponctua d'un sourire qu'arborent ceux qui se savent déjà gagnant. Car il n'y avait pas d'autres issues pour et selon lui.

Dylan se joue de mes réactions, cela se voit bien. Son sourire, son regard rieur, il s'amuse bien. Pour ma part je reste totalement muette, immobile. Comment ose-t-il... ? Comment peut-il imaginer... ? Soudain, le jeune homme passe un bras autour de ma taille, posant sa main légèrement en dessous de la ceinture. Si j'avais pu, je me serais encore raidie un peu plus, mais tous mes muscles étant déjà tendus à l'extrême, je me contente de perdre mon souffle et le peu de clarté d'esprit que j'avais retrouvé... Il se penche et dépose ses lèvres contre les miennes pour m'embrasser. Je reste parfaitement immobile, me gardant bien de répondre à ses titillements et ses incitations pour que j'entrouvre les lèvres à mon tour. Me remettrais-je un jour de tout cela ?... Je me dégage du baiser en tournant la tête, pur réflexe plus qu'à cause de ma conscience. Il ne se redresse pas pour autant, plaçant sa tête à côté de la mienne, alors que sa main remonte un peu dans mon dos.

- Cela ne sert à rien de vouloir m'éviter.

Sa voix n'est qu'un doux murmure à mon oreille, et il se redresse avec un sourire triomphal aux lèvres. Pour ma part je reste d'abord immobile, surprise, mais pas tellement plus qu'avant. Cela ne me surprend qu'à peine, son acte, en fait. Pourtant, d'une voix glaciale, je répond en soutenant son regard avec, de retour, la froideur et la noirceur habituelle qui plane dans mes yeux :

- Cela ne sert à rien de vouloir me posséder.

D'un coup de coude sur le bras qui entour ma taille, je me libère et recule d'un pas un peu dansant, de ceux dont j'ai le secret. Je le foudroie du regard, puis pivote d'un geste aisé et m'éloigne sans un mot d'un pas vif qui trahit ma frustration, et une certaine colère. Pourtant, j'ai bien l'impression qu'il me retiendra... Démence me suit d'un petit trot amusé, visiblement moqueuse.

Il avait eu tort de se dire que Pandora pourrait être le genre de fille à se laisser faire lors d'un baiser volé par surprise. Quoique cela ne l'empêcha pas d'arriver à ses fins, malgré qu'elle ait détourné la tête après avoir repris un peu conscience de ce qui lui arrivait. Il ne réussit simplement pas à avoir de réponse de la part de la jeune fille. Mais il ne se démontait pas, il parviendrait à la posséder, un jour. Il y mettrait toute son énergie, s'il le devait.
Mais pour l'instant, il était toujours face à elle, un sourire triomphal aux lèvres, et ne la quittait pas de ses yeux bleus. Et elle ne bougeait toujours pas. Le jeune homme pouvait prendre cette agissement, le fait de rien faire, simplement le regarder, comme une petite victoire pour lui. Pourtant, il n'aurait pas imaginé l'adolescente défaitiste. Mais il ne voulait pas qu'elle se reprenne en main, il s'amusait tellement en ce moment. Néanmoins, rien qu'elle l'amusait déjà ; ses réactions, ses rejets, tout. Ne dit-on pas que plus on fuit une chose, plus elle nous suit ? Elle ne fait qu'attiser son désir à vouloir le fuir. Certaines filles s'en rendent compte, d'autres non. Il ne restait qu'à espérer que Pandora soit du genre à ne jamais baisser les bras. Auquel cas cela deviendrait vraiment ennuyant pour lui.
Cependant, il ne devait pas se faire d'idée trop précipitée. Comme il le pensait d'elle, elle n'était pas du genre à se laisser manipuler. La vie qu'elle avait menée l'avait entrainée, utilement. De ce fait, elle sembla enfin revenir totalement à elle et fusilla Dylan du regard. Si ses yeux bleus reflétaient l'amusement, ceux, violets, de la jeune fille étaient animés de toute la froideur et la noirceur qu'elle portait à l'encontre du jeune homme.
- Cela ne sert à rien de vouloir me posséder.
Sa voix ressemblait à son regard : froide, ferme, aussi douloureuse que la flèche d'une arbalète lancée en plein coeur. Dylan pencha légèrement la tête sur le côté, toujours un léger sourire aux bords des lèvres. Qui disparut quand il sentit Pandora se libérer d'un coup de coude. Il n'eut pas le temps de la rattraper, de la retenir, qu'elle reculait déjà de son pas dansant. Il resta d'ailleurs interdit un instant devant sa réaction, sa phrase. Elle le foudroya à nouveau du regard avant de faire demi-tour et de s'éloigner d'un pas vif. Le sourire revint à Dylan qui voyait bien la colère de la jeune fille transparaître dans sa marche pressée. En trois grands pas, il la rattrapa, lui attrapant le poignet pour la forcer à se tourner de nouveau vers lui. Il fit cela dans vraiment y réfléchir et maîtrisa suffisamment le mouvement pour leur éviter à tous deux une potentielle chute. L'attirant à nouveau contre lui, se fichant bien des grognements qui pouvaient provenir de son chien, il repassa son bras à sa taille et resserra sa prise. Il lui prouvait ainsi que même si elle décidait de s'en aller, il la rattraperait encore. Mais pour cela, elle devait déjà réussir à le faire lâcher la prise qu'il avait sur elle car là était le but de la resserrer. Il ne voulait pas qu'elle tente encore une fuite, même si ça l'amusait spécialement.
Sûr de bien la tenir contre lui, il lui sourit. Il posa sa main libre dans sa nuque et effleura sa joue de son pouce dans une douce caresse, bien que son regard brillait de choses peu saintes. Il ne pouvait s'en empêcher, c'était ainsi, il ne suffisait de ne faire attention qu'aux gestes, doux et attentifs.
- Tu te trompes. Comment ne pas vouloir "posséder" une si jolie fille ? Tu ne te rends pas compte de l'ampleur de ta beauté.
Sa voix était aussi douce que la caresse de la joue de Pandora. Il n'y avait aucune connotation perverse, juste une voix qu'il voulait chantante pour se donner du charme. Il lui fit un clin d'oeil que l'on put supposer - et à juste titre - de charmeur.

En trois pas, pas un de plus, il me rattrape et s'empare de mon poignet. Il me force d'un mouvement à me retourner contre lui, et m'attire à nouveau dans ses bras. Je n'ai pas la force de résister, et je suis trop surprise pour le tenter. De toute façon, il semblait bien décidé à esquiver toutes les ruses que je pourrais trouver pour me défaire de cette poigne. Son bras passe à nouveau autour de ma taille, et il resserre sa prise, comme s'il s'attendait déjà à une nouvelle tentative de fuite -ce qui n'était que justifié puisque je cherchais déjà un moyen de me libérer-. Je serre les dents, et toute la surprise disparaît de mon regard, remplacé à nouveau par cette froideur. Il me sourit, je lui répond d'un regard glacial. Il pose sa main libre dans ma nuque, et son pouce effleure ma joue. Mes mâchoires ne s'en resserrent que davantage. Si son geste est doux, son regard n'est pas très rassurant.

- Tu te trompes. Comment ne pas vouloir "posséder" une si jolie fille ? Tu ne te rends pas compte de l'ampleur de ta beauté.

Sa voix est douce, mais elle me donne envie de vomir, ce que signifie mon nez froncé. Il m'adresse un clin d'oeil dans une tentative charmeuse, mais le résultat est plus amusant qu'attirant. S'il se croit charmant, à agir ainsi... ! Pourtant, au fond, ses paroles me flattent un peu. Personne ne m'avait jamais dit, du moins, franchement et en face, que j'étais jolie. Mais de là à me dire belle, non, n'exagérons pas. Si bien que ma voix en devient moins froide et moins en colère, comme apaisée, mais mes paroles n'en reste pas moins semblables aux dernières :

- Peut-être, mais toi, tu ne te rends pas compte de l'ampleur de ton imbécilité.

Je ne suis pas un objet, retiens-le une fois pour toutes ! D'un coup de coude bien placé, je me libère et attrape son poignet d'un seul mouvement aisé. Puis, sans le moindre temps d'arrêt, je le tords dans son dos, comme si je m'apprêtais à lui casser le bras, mais il n'en est rien. Je me contente de lui faire un peu mal, histoire de lui faire comprendre la leçon.

- Retiens-bien ce que je vais te dire. Je ne suis pas un objet, ni un quelconque trophée ou jouet. Continue, et je te casserais vraiment le bras, le prochaine fois !

Ma voix est à nouveau froide, bien qu'un seul mouvement de sa part lui permettrait de se libérer. Mon but n'est pas de l'immobiliser, juste de lui faire comprendre. Et la douleur qui doit irradier dans tout son membre jusqu'à l'épaule devrait, je l'espère, suffire.