Comme une invitation dans l'air.. [PV: Célestin]

Comme dans toute école qui se respecte, nous avions droits à des jours de congés. Un peu comme partout ailleurs sauf qu'ici, ce n'était pas ailleurs. Non, et la simple matière supplémentaire d'entraînement avec nos pouvoirs le prouvait bien. Et c'était sans compter sur toutes les parallèles que nous faisions avec nos pouvoirs, en cours. Un programme bien plus intéressant qu'ailleurs, donc, même si, pour moi, comme pour ailleurs, les devoirs attendraient un peu. Oui, aujourd'hui, pour moi, ce serait la pause lecture de la semaine. J'avais réussie à faire commander à la bibliothécaire la suite d'une série qui me tenait à cœur. J'espère que vous n'imaginez pas un livre à l'eau de rose ! Non, dystopie ou thriller, la plupart du temps. Enfin, le genre de mes lectures importe peu. Réveillée tôt, j'avais fais le moins de bruit possible, histoire de ne pas réveiller tout le monde, m'était habillée -un simple t-shirt trop large n'étant pas très pratique pour l'endroit où je voulais lire- puis était partie m'installer dans la salle commune, sur le matelas installé dans le renflement de la fenêtre. Bien installée dans mon coin, j'entamais mon livre, ayant déjà hâte d'arriver à la fin. Sortant d'une des poches de mon pantalon mon MP3, je mettais en route ma playlist favorite et ouvrais mon livre.. Le ciel noir vira progressivement au gris tandis qu'un tas de gros nuages s’amoncelaient dans le ciel, il allait pleuvoir, je le sentais presque, malgré le double vitrage, ayant la chair de poule. Je rabaissais mes manches et me calais un peu plus contre la fenêtre, presque invisible dans mon petit coin tranquille. Bientôt, il se mit à pleuvoir, avant même que deux personnes ne soient sorties des chambres, et il fit tout gris. Enfin, le gris clair vira au gris foncé, presque au gris orage, bien qu'il n'y en aurait pas. La foudre ne tomberait pas, j'en étais certaine, vu le peu d'électricité qui planait dans l'air, aujourd'hui. Mon bouquin, quand-à-lui, était excellent. C'était le quatrième tome d'une série qui comptait actuellement une dizaine de tomes et qui, d'après les dires de l'auteur, pourraient bien s'agrandir encore un peu. Enfin, c'est l'histoire d'une médecin légiste et d'une enquêtrice, de l'affaire en question et de tout ce qui l'entoure. C'est angoissant, terrifiant, et positivement perturbant. Enfin, si vous trouvez ça positif, ce qui est mon cas. Dans un livre, ça rend moins réel, et même si certaines histoires peuvent être vraies, être surprise ou perturbée par quelque chose qui semble.. Presque normal m'est bénéfique. C'est comme si moi aussi, j'étais normale, une simple personne sur cette simple petite planète. Mais la fenêtre contre laquelle je m'appuie me rappelle bien vite que tout n'est pas si simple. En même temps, cela pourrait être ennuyant, non ? J'hausse les épaules pour moi-même, avant de me replonger dans mon livre avec une admiration pour ces personnages de mots et de papiers, contrains à vivre dans ce monde avec.. Les aptitudes que la chance leur a légué, sans "bonus". Et dans quel monde ! Un monde plus noir que le vrai -le vrai n'est pas si macabre, du moins pas de mon point de vu, malgré tout-, et tellement.. Lugubre. A chaque page, je devine la silhouette de macabés abandonnés dans des ruelles sombres et sordides. Rien de tel pour positiver !
Je sourie toute seule à une réplique aussi idiote que géniale -l'humour de cette femme est extra !-, avant que la musique ne s'arrête. Je soupire alors, remets en route ma playlist qui, depuis le temps, en est à sa troisième remise en route, avant de jeter un regard à la fenêtre, constellée de goutte de pluies. Là, des bruits de pas. Pourtant, il me semble qu'il ne reste plus personne, par ici.. La plupart des personnes présentes ont quittés leur chambre pour le petit déjeuner, que je suis involontairement en train de sauter, d'ailleurs. Tant pis, je me rattraperais ce midi, si j'y pense, de toute façon, je n'ai pas faim. Je lève les yeux, me penche sur le côté, me rattrapant de peu au mur pour voir qui vient d'entrer. Tiens, lui, je le connais.. Un micro-sourire se forme sur mes lèvres quand son regard croise le mien.

Mon regard se pose sur Célestin puis sur son oiseau, encore avec lui. Mon sourire s'agrandit légèrement quand il s'approche, reprenant son souffle, comme s'il avait eu peur. Peur de quoi ? J'hausse les épaules, faisant fit de cette étrange impression. Il me rend mon sourire, fait quelques pas de plus tandis que je glisse ce qui me sert de marque-page dans mon livre, le pose le rebord et m'installe en tailleur. Là, je fais jouer les articulations de mes épaules, ankylosées par l'immobilité avant de laisser mes bras retomber sur mes cuisses.

- Salut, ça va ?

Je suis contente des "progrès" que nous avons fait. La première fois, j'étais tellement sur les nerfs.. Un vrai pitbull ! Enfin, comment rester en colère pour quelqu'un de si.. Comment dire ? Une sorte de gentillesse, il ne cherche pas les ennuis, c'est.. Il faudrait inventer un adjectif pour désigner ce type de caractère, à moins que ce mot n'existe, mais que je ne le connaisse pas encore. Sa voix n'est plus méfiante, et est presque chaleureuse, du moins, c'est comme cela que je l'entends.  J'hoche la tête, prête à lui rendre la politesse, quand il continu, me coupant dans mon élan. Il a l'air nerveux, je m'arrête de suite. Qu'est-ce qui pourrait le rendre si.. Incertain ? Presque inquiète pour Célestin, j'attends, attends qu'il commence, me dise ce qu'il a à dire. Dans ma tête, il y a miles scénarios, tous plus abracadabrants et dignes de films. Des ennemis proches, des problèmes, et j'en passe. Mais une demie-seconde plus tard, il déclare;

- Dis, Madyson... Heu... Je me demandais si... Heu, pour le bal... Enfin, si tu voulais bien y aller avec moi ?

Je suis si soulagée que j'en rirais presque, et je laisse retomber mon appréhension, rassurée. Quelque part, sa maladresse me rassure, me mets en confiance. Il n'a apparemment pas l'habitude des invitations, et ce n'est pas moi qui lui expliquerais ce genre de chose. Pour finir, je suis contente qu'il pense à moi. A la base, je ne voulais pas y aller. Puis j'avais eu dans l'idée de demander à quelqu'un. Je devais bien avoir quelqu'un a qualifier d'ami, non ? En tout cas, il y en a un qui a pensé à moi, d'ami. Je ne songe même pas à le faire attendre ou à le taquiner et lui répond aussitôt, un grand sourire aux lèvres.

- Evidemment !

Puis, après ma réponse, je demande, la pression retombée, un air soudainement plus taquin au visage;

- Tu pensais que j'allais dire quoi ?

La tête légèrement penchée sur le côté, je m'assoie sur le côté, en face de lui, et d'un coup de tête, l'invite à s'asseoir, le matelas étant bien assez long pour deux personnes. Il avait l'air si stressé que j'essaie de le décompresser. Puis.. Comment pouvait-il douter de ma réponse ? Il doit être ma plus vieille connaissance masculine de l'école. Je précise que nous ne nous connaissons que depuis, au maximum, un mois. Et je suis heureuse d'être sa future cavalière.. Mais, attendez, pour un bal, on doit quand même pas "bien" s'habiller ?!