Une bagarre menant à une rencontre... et plus...? [PV Ahiora Cavanaugh]

Benjamin soupira. C'était enfin la fin de journée et il était épuisé. On ne le pensait peut-être pas, mais c'était assez difficile d'éviter les filles alors qu'elles étaient une majorité dans l'école. De plus, il évitait de les blesser - ce qui n'était pas toujours simple - et se contentait de les éviter sans dire quelque chose de blessant. Mais cette journée avait été différente de par le fait qu'il n'avait cessé de réfléchir comment il allait se débrouiller pour faire le travail côté de science alors qu'il avait été obligé de le faire avec une fille. Déjà qu'il était nul dans tout ce qui concernait expérience à faire alors si en plus il était déconcentré parce qu'il faisait plus attention à son binôme que leur travail... Il serait fichu, et il ne pouvait se permettre de rater. Le jeune homme frissonna à cause d'un coup de vent frais mais aussi à l'idée que cette fois, il devait prendre sur lui. Juste pour le travail, rien ne l'obligeait à être gentil si elle ne l'était pas - et elle ne le serait pas, toutes les filles sont pareilles.
Ses yeux bleus parcoururent les alentours. Il avait avancé sans même se rendre compte d'où il allait. Et d toute manière, il n'avait pas de destination précise en tête, ne voulant pas gâcher sa fin de journée à travailler ou rester à l'intérieur. Finalement, comme il s'y dirigeait instinctivement, il décida d'aller dans le parc, profiter de la verdure et tuer le temps. Surtout tuer le temps. D'une oreille distraite, il écouta les murmures du vent. Si si, le vent rapportait les paroles de tous, à qui voulait bien les entendre, et il suffisait d'y prêter attention. Ou bien d'être shooté. Mais dans tous les cas, Ben' sortit de ses pensées en sentant quelqu'un le percuter sur le côté. Il poussa un gémissement en sentant l'écorce du tronc contre lequel on l'avait poussé s'enfoncer dans son dos. Secouant la tête, il reprit le peu d'esprit qu'il avait perdu, néanmoins, à temps pour rattraper le poing que son agresseur avait décidé de lui envoyer dans l'estomac. Benjamin leva des yeux étonnés vers ceux de celui qui voulait lui faire sa fête, et rencontra un regard plus qu'énervé. Qu'est-ce qu'il avait bien pu faire de mal pour avoir une petite brute sur le dos ? Il ne faisait rien pour mettre en colère des mecs, normalement. Sauf celui d'en face. Pourtant, il ne semblait pas se souvenir de lui. Enfin, si, il l'avait déjà vu dans l'école, classé comme mec à ne pas déranger, mais le jeune homme aux cheveux blonds ne se souvenaient pas lui avoir fait quoique ce soit. Alors qu'il ne faisait de mal à personne, c'était impensable !
- Hum... Qu'est-ce que je t'ai fait pour que tu veuilles me frapper ?
La voix de Benjamin eut un tremblement mais à part ça, il était plutôt calme, malgré qu'il soit presque écrasé contre un arbre et qu'il soit dans l'impossibilité de bouger. Mais sa question ne parut pas calmer son oppresseur, parce que ses yeux marrons brillèrent d'autant plus de leur lueur colérique.
- C'est la dernière fois que tu manques de respect à ma copine !
- Ta copine ? demanda-t-il en fronçant les sourcils.
A vrai dire, il ne se souvenait pas de la copine de ce type, il était rare qu'il regarde réellement une fille, alors pour retenir son visage, son nom ou autre, c'était pas gagner. Il continua, toujours sur un ton posé :
- Je suis désolé si elle l'a mal pris, c'est pas personnel...
Peut-être n'aurait-il dû pas parler de cette manière, si calmement, parce que le jeune homme en face de lui vit encore plus rouge. Non, il ne devait pas connaître la misogynie, ou bien il s'en fichait tout bonnement de ce que ressentait Benjamin à l'égard des filles. Tout ce qui devait compter, c'était sa copine. Et c'est pour venger sa dignité qui en a pris un coup qu'il avait décidé de s'en prendre à un mec qui, cela se voyait, ne tiendrait pas trois secondes devant lui. Ben', se rendant compte qu'il allait y passer, se fit d'un coup plus petit et ferma les yeux en tournant la tête sur le côté, s'apprêtant à recevoir un coup de poing et priant sa chance pour qu'il en ressorte pas trop amoché.

Une bagarre menant à une rencontre ... et plus ... ?

[PV Benjamin Mucce & Ahiora Cavanaugh]

Je joue avec un crayons du bout des doigts. Je m'ennuie, je m'ennuie ... Les cours ne m'intéresse absolument pas, et je n'ai qu'une envie : sortir. Sortir à l'air frais, dehors, tranquille et au calme. Au moins, le silence lui, il ne dit rien. Enfin, rien qui pourrai me mettre en colère. Je ne suis pas susceptible, non, je dirai peut être même loin de là, mais quand mes sentiments s'emballe, je connais pas expérience que même la petite voix de la raison ne peux m'arrêter. Mon crayon retombe dans un bruit mat sur la table avant de rouler doucement. Je ne fais rien pour le rattraper et il tombe dans un petit bruit agaçant. Je me rassois correctement -c'est à dire moins affalé sur ma chaise- et attrape un deuxième crayons, sous les yeux peu rassurant du prof'. Mais je m'en fiche bien et me remet à jouer, toujours le nez à la fenêtre. Je regarde les arbres dehors et je commence à avoir des fourmis dans les jambes. J'ai la drôle d'impression qu'il me nargue ... Quand enfin la sonnerie retentit dans le bâtiment, je saute littéralement de ma chaise et m'élance vers le parc. Je respire un bon coup, comme à chaque fois que je sors à l'air frais. Mais soudain, je vois un attroupement se former un peu plus loin. Quelques "grands" de la cours. Je renifle. A qui est-ce qu'ils veulent s'en prendre aujourd'hui. Poussez par ma curiosité infaillible, je m'approche de la petite foule. Et je le vois. Je lui donne seize, allez dix-sept ans, des cheveux blond-brun assez longs et de grands yeux bleu nuageux. Il est plutôt mignon, pour un garçon. Et il est même plutôt à mon goût ... Mais pour l'instant, il a pas l'air là où il devrait être, et à mon avis, les mecs autour ne lui veulent pas que du bien. Je ferme ma main. Je regarde les cinq présent, et vise le plus faible: un noiraud au yeux verts. Enfin, après quelques minutes d'engueulade envenimé et de combat inutile, les cinq abruties s'en vont enfin. Je masse mon poignet douloureux sans vraiment m'occuper de la douleur que je ressent au ventre par la méchante droite que je me suis prise. Je me tourne vers le blond-brun, toujours contre le mur.
"Comment va ?"
La question était absolument idiote, mais j'avais envie qu'il reste encore un peu. Et un peu plus.

Rien. Il ne s'était rien passé. Un bruit mat se fit entendre, comme un poing qui rencontre une joue, par exemple, puis un gémissement retentit. Sauf que ce n'est pas celui de Benjamin. Ce dernier était toujours recroquevillé sur lui-même, les yeux fermés. Mais au moment où il entendit qu'on frappait quelqu'un et que ce quelqu'un, ce n'était pas lui, il ouvrit un oeil. Puis l'autre. Le mec qui avait dans l'intention de le frapper était toujours près de lui mais son poing était retourné le long de son corps et, à vrai dire, il ne faisait plus attention au misogyne. Ce dernier suivit son regard et vit une chevelure couleur flamme parmi le petit groupe qui s'était formé autour d'eux. Il haussa un sourcil, regardant le rouquin l'aider se débarrasser de ceux qui avaient décidé de s'incruster dans la bagarre qui, au départ, ne concernait que Ben' et le mec qui vengeait sa copine. C'est fou de voir combien les mecs étaient avides de sensations fortes. Généralement, ça ne le dérangeait pas, mais lorsqu'il en était la victime, comprenez... Déjà était-il assez nul pour ne pas ressortir vainqueur d'une altercation avec un garçon, alors si en plus, ils étaient quatre à s'ajouter ! C'est pourquoi il remercia sa marraine la bonne fée - non non, il n'avait rien fumé - pour l'aide apportée par le jeune homme aux cheveux de flamme.
Au bout de plusieurs minutes qui lui parurent une éternité, les cinq garçons s'en allèrent, vaincus. Mais ça ne les empêchèrent pas de rire une dernière fois et Ben réussit à comprendre qu'on le comparait à une fille. Juste parce qu'il n'avait pas été capable de faire face à une bagarre et qu'un autre garçon s'est battu pour lui ? Cela prouvait juste qu'il n'était pas des plus courageux, mais en rien qu'il était une de ces pestes qui se jouaient de tous, manipulatrices et j'en passe !
- Comment va ?
La voix du rouquin s'était faite lointaine, Benjamin était toujours occupé à regarder le groupe de mecs disparaître petit à petit, réfléchissant à la comparaison qu'on faisait de lui. Non, ça ne lui plaisait pas beaucoup et cela se voyait qu'il n'était pas d'une très bonne humeur : les nerfs de ses joues palpitaient tant il serrait les mâchoires et un vent plus fort se leva. Mais la question de l'adolescent qui l'avait sorti de cette petite altercation lui revint en mémoire, distincte, comme s'il venait de la poser. Le blond passa une main dans ses cheveux pour les rejeter en arrière - bien qu'ils retombèrent tout de suite après devant ses yeux - et fronça légèrement les sourcils. Le rouquin se rendait-il compte que sa question était quelque peu idiote ? Il venait de se battre pour un garçon qu'il ne connaissait certainement pas et n'en était pas ressorti sans maux. C'était plutôt à lui qu'il fallait demander si ça allait. Benjamin comptait d'ailleurs lui retourner la question quand il le vit réellement, face à face, et ses yeux couleur ciel nuageux restèrent accrocher à ceux de l'autre, d'un bleu de glace, qui contrastaient magnfiquement bien avec ses cheveux de flammes. Il devait avoir l'air idiot à le fixer comme il le faisait, et, s'en rendant compte, ses joues prirent une légère teinte rougie. Il détourna le regard et décida enfin de répondre au rouquin :
- Aussi bien qu'on peut aller quand on échappe de peu à un règlement de compte - merci d'ailleurs, je te revaudrai ça - et qu'on se fait traiter de fille... Ce qui, personnellement, ne me plait pas beaucoup.
Benjamin soupira fortement en repensant au groupe de mecs mais il n'alla pas jusqu'à en vouloir à l'adolescent aux cheveux roux d'être venu l'aider, parce que s'il n'était pas arrivé, lui ne serait pas ressorti de ce parc en très bon état. D'ailleurs, il regarda le poignet que se massait le rouquin, et il fit la moue.
- Mais c'est plutôt à toi qu'il faut poser la question, tu n'as pas trop mal ? Je suis désolé, rien ne t'obligeait à t'interposer...
Ben' voulut s'approcher pour voir de lui-même dans quel état était le rouquin par sa faute, mais ses jambes refusaient de se mouvoir. Il resta donc où il était, se satisfaisant de ne plus devoir parler, car il n'aurait même pas pu faire suivre trois mots sensés. Voilà, il suffisait qu'un mec plutôt mignon le sorte d'un pétrin et il se sentait déjà tout émoustillé !

[Voilà, joyeux Noël mon Youyou <3]

Ils avaient l'air fins, tous les deux, à se regarder à peine. Enfin, pour Ben', car il était rare qu'il regarde quelqu'un dans les yeux quand il lui parlait. Surtout s'il rougissait à chaque fois que ses yeux rencontrent ceux de son interlocuteur - surtout des yeux aussi bleu.
Il fallait sérieusement qu'il arrête de penser ainsi, surtout quand il ne connaissait rien de celui pour qui il était presque en train de fantasmer. Enfin, rien, ce n'était pas le cas. Dans une école comme ça, tout le monde sait un peu qui est qui, même sans connaître le prénom - parce que, la plupart du temps, il oubliait -, et le peu qu'il savait du rouquin était que des aventures dont il connaissait l'existence étaient toutes des filles, si nombreuses soient-elles. Aucun garçon. Alors pourquoi se dire qu'il puisse avoir ne serait-ce qu'une chance avec lui ? Cela ne lui apportait rien à part de la souffrance. Et si l'espoir faisait vivre, celui d'espérer quelque chose de l'adolescent pourrait juste le faire souffrir d'autant plus - Ben avait rarement eu une véritable histoire d'amour avec un autre garçon, voire jamais en fin de compte, légèrement trop féminin pour eux et trop timide pour oser faire le premier pas. Le toussotement de l'adolescent aux cheveux roux le sortit de ses pensées.
- Non, s'n'est rien. J'étais sur le chemin de toute façon.
Et cela expliquait forcément qu'il lui était venu en aide, quel bon samaritain ! Benjamin pouvait le dire, comme à peu près tous, ce n'était pas parce qu'il y avait des gens autour d'une bagarre qu'il y en aurait forcément un pour agir. Il le savait bien parce qu'il faisait partie de ces gens qui ne séparent pas les bagarreurs, tout simplement parce qu'il se ferait rapidement mettre au tapis et son aide n'aiderait en rien à séparer les autres. Alors à cette phrase, il ne put que sourire, tout de même touché d'une telle intention. Après tout, il aurait eu un méchant oeil au beurre noir - ou bien pire - si le rouquin n'était pas intervenu.
- Tu as un prénom au moins ?
Le blond fronça légèrement les sourcils. Ce mec avait beau être beau, il avait quand même de drôles de questions ! A quoi s'attendait-il ? Que Ben n'ai pas de prénom ? Evidemment, la pensée que c'était pour le lui demander le traversa mais il fallait avouer qu'il y avait bien d'autres manières pour demander le prénom de quelqu'un. Non ? Mais de toute manière, le fait que ça ait quitté la discussion banale d'après une bagarre et que ce soit entré dans le domaine du privé - certes, ce n'était qu'un prénom qu'il devait donner mais c'était déjà beaucoup quand on était aussi doué en rapport humain qu'une autruche -, ça changeait la donne. Il sentait déjà sa respiration s'accélérer, alors qu'il n'avait encore rien dit et que le roux lui avait simplement demandé son prénom. Pas de quoi fouetter un chat. Et pourtant...
Benjamin toussota légèrement en se tordant les doigts, méthode qu'il utilisait pour passer son stress autre part que dans sa voix. Malheureusement, ça ne fonctionnait que rarement car son ton tremblotait toujours légèrement. Regardant un point fixe par-dessus l'épaule de son interlocuteur - pour ne pas être déstabilisé par ses yeux bleus envoutants et en même temps faire croire qu'il le regardait, même s'il devait bien se rendre compte que ce n'était pas le cas -, il se lança d'une faible voix :
- B-Benjamin... Mucce. Du clan du Vent... Et.. Et toi ?
Si seulement il ne bégayait pas, il se rendrait moins ridicule. Mais il n'y pouvait rien.

Je l'entendis tousser un peu. Il avait juste l'air d'un gamin pris en faute. Mais non. Je savais bien que quelque chose n'allait pas. Vous savez, cette chose, aussi infime et intime qui vous traverse un instant l'esprit, et que seul des bribes colorées de pensées reste accrochées. Je ne sais pas si vous voyez ce que je veux dire, mais pour une explication plus simple, mais toujours indirecte, j'expliquerais simplement que lorsque le jeune en face de moi rentrait dans mon champ de vision mon coeur s'emballait et ... et quand il en sortait aussi. Une sorte d'angoisse qui m'étoufferai, et ma seule peur aurait été qu'il disparaisse. Je pense que vous avez compris, non ?

Et tout ça se mélangeait en une espèce d'ombre uniforme qui se tapirait au fond de mon esprit, prêt à sortir n'importe quand pour n'importe quoi. Mon regard resta un instant accroché sur la silhouette du jeune garçon, alors que mon esprit essayait vainement de faire le tris dans mes sentiments ressentis à présent, et sa voix -la petite voix de la raison, certain l'on, d'autre pas. Je pensais ne pas l'avoir, mais bon, comme quoi !- me réveilla. Je me mordis violemment la lèvre, me rendant compte de ce que cela allait impliquer. Tant pis. La voix -cette fois ci totalement réel- de l'autre me fit reprendre mes esprits:
- B-Benjamin... Mucce. Du clan du Vent... Et.. Et toi ?
Ahin. C'est donc bien un membre du Clan du Vent.
Ah oui, quel con, il avait utiliser son pouvoir tout à l'heure.
Bref ! Benjamin ... C'est ... presque gnon comme prénom. Oui, gnon. Et alors, ça vous dérange que j'utilise mes mots ? Enfin, ce n'est pas tellement le problème. Il reste juste à dire le mien. J'hésite un instant à sortir "Vénérable bras droit du Clan du Feu", juste parce que, mais non. Quand même, je ne suis pas comme ça. Je remarque d'ailleurs que le-dit Ben' fixe un point derrière moi et non moi, et d'après son bégaiement d'il y a à peine trente seconde, il doit être sacrément timide !
Bon, vous allez me traiter de salaud, certes, mais rien que pour m'éclater un peu, je me rapproche, lui tends un main et lance, tout sourire :
"Ahiora Cavanaugh. Du Clan du Feu." Après une petite réflexion, j'ajoute : "Bras droit du Clan du Feu."
Allons voir comment va-t-il réagir ! Ma phrase ne veux rien dire, c'est ça ?

Le rouquin a forcément dû se rendre compte que Benjamin ne le regardait pas lui mais plutôt un point derrière lui. Mais heureusement, il n'en dit pas un mot. Ni sur le fait que le blond bégayait comme quelqu'un pris en train de voler quelque chose et qui tente malgré tout de s'innocenter. Non, il ne dit rien sur ces deux points, il décida presque de faire pire : l'adolescent aux cheveux de flammes s'approcha de Ben', qui cessa donc de fixer son point invisible pour le regarder. Nom d'un canari, il avait un de ces sourires... A en tomber par terre ! Mais il se devait d'avoir une certaine retenue ; il se rendait déjà assez ridicule sans le vouloir, il n'était pas la peine d'en rajouter une couche, au risque de ne plus pouvoir s'en relever.
- Ahiora Cavanaugh. Du Clan du Feu. Bras droit du Clan du Feu. ajoute-t-il après un court instant de réflexion.
Apprendre qu'il parlait au bras-droit du Clan du Feu ne fit qu'augmenter son stress - parce qu'il ne l'avait pas reconnu tout de suite, alors qu'il essayait de mémoriser chaque chef et bras-droit. Le prouvait son torse qui se soulevait et s'abaissait toujours plus rapidement au rythme de sa respiration qui s'accélérait petit à petit, alors qu'il serrait la main de l'autre adolescent dans la sienne, d'une manière plus qu'hésitante. Ce simple geste avait eu pour effet chez Benjamin de sentir une vague de chaleur traverser les moindres recoins de son corps. Une douce chaleur, loin d'être désagréable. Pour une simple poignée de main. Alors, pendant un instant, il eut juste envie de se blottir entre les bras du rouquin. Envie de sentir à nouveau cette chaleur envelopper son corps. Envie de se sentir bien. Envie de se sentir autre part. Besoin d'un ailleurs. Réconfortant. Réchauffant. (Je suis fière de ce passage *^* ♥)
Clignant des yeux, Ben' se rendit compte qu'il n'avait pas lâché la main d'Ahiora et qu'il avait plongé ses yeux dans les siens. On pourrait se perdre dans ses yeux d'une magnifique couleur de glace. Mais le blond détourna le regard, ses pommettes, puis ses joues, s'empourprant de façon très visible. Et il lâcha la main du bras-droit, comme si quelque chose venait de lui brûler chaque cellule de la main.
- Je, euh... Je, désolé... Je pensais à autre chose...
Quelle excuse débile ! Et pourtant, c'était vraiment ça. Mais des pensées qu'il préférait taire et enfouir au plus profond de lui-même tellement elles lui semblaient absurdes, en fin de compte. Et pourtant, les rougeurs de ses joues se refusaient à s'effacer. Alors, prenant une grande inspiration pour calmer ses poumons et son coeur qui, il le sentait, allaient presque imploser, il dévia de nouveau son regard vers le rouquin et sourit. D'un sourire timide, certes, mais c'était déjà un sourire. Et c'était en même temps pour qu'on évite de lui poser plus amples questions sur ses pensées.
- Enchanté !
Seule et unique phrase qu'il s'était senti capable de dire sans hésiter sur chaque lettre, sans bégayer et avec un tant soit peu d'entrain. Parce qu'après tout, il était réellement enchanté de cette rencontre, au fond de lui. Au fond. D'où le sourire néanmoins timide, malgré un ton plus pressé.

Son coeur ne voulait se calmer et continuait à battre la chamade. Peut-être parce que le rouquin ne cessait de le regarder de ses magnifiques yeux bleus... Benjamin commençait à trouver cette situation presque trop insupportable. Surtout que l'autre adolescent lui offrit un splendide sourire. Le genre de sourire charmeur qui faisait tomber les filles à ses pieds. Les filles... Et Ben'. A qui le coeur semblait frôler la crise cardiaque et ses poumons semblaient toujours manquer d'air. Vraiment pathétique, pensa-t-il de lui-même, mais sûrement un vrai régal pour Ahiora. Le jeune blond le vit s'approcher mais il tenta de faire comme si de rien n'était - mission quasi impossible puisque sa respiration était saccadée, qu'il était rouge comme le plus vif des pétunias. Mais c'était sans compter que le rouquin, à présent appuyé au mur à son côté, approcha son visage du sien, vraiment près. Du moins, assez proche pour murmurer à son oreille.
- Moi de même...
Sa voix était comme son sourire d'avant : charmeuse, dragueuse et irrésistible. Vraiment irrésistible. C'est pourquoi un léger couinement s'échappa d'entre les lèvres de Benjamin, malgré toute son envie de le garder pour lui. Il était incapable de penser de manière rationnelle, plus rien ne comptait autour de lui hormis Ahiora, vers qui il tourna son visage. C'était trop, il se sentait partir, il sentait qu'il allait s'évanouir si ça continuait. C'était un vrai supplice, en fin de compte, d'être si près d'un adolescent vraiment vraiment pas mal. Fort heureusement, il était toujours appuyé au mur dans son dos et cela l'empêchait donc de vraiment perdre son équilibre. Il se sentait déjà assez ridicule comme ça, ce n'était pas la peine d'en rajouter.
- Tu... 'Fin, je...
Son vocabulaire n'allait pas plus loin. Son cerveau avait abandonné depuis longtemps et son bégaiement avait repris le dessus. Et son regard restait accroché aux lèvres d'Ahiora. Tout mais pas ça ; pas l'envie de se blottir contre lui ; pas l'envie de sentir ses lèvres contre les siennes ; pas ce genre d'envies. Ben' releva le regard et passa ses mains sur ses joues, presque dans l'espoir de pouvoir effacer ses rougeurs, ou du moins, les cacher.
- J-Je devrais... Y aller... déclara-t-il à la limite de l'audible.
Il dit cela mais il ne bougea pas d'un poil, sentant que s'il s'en allait réellement, il s'étalerait sur le sol tel une vieille carpette. Et puis, il n'avait pas envie de partir - pour faire quoi ? - mais il ne savait pas quoi dire d'autre, ni que faire d'autre. Suivre ses envies ? Oui, oui, un jour, lointain, quand il se sentira plus sûr de lui. Presque dans une autre dimension.

Pourquoi son corps refusait-il de se mouvoir ? Pourquoi ne parvenait-il même pas à bouger le petit doigt ? Presque rien ne le retenait. A part le rouquin. Mais rester là ne lui servait à rien non plus, puisqu'ils n'avaient plus rien d'autre à se dire. Encore le remercier ? Non, ça va, il avait compris, tout de même.
Soudain, Ben' sentit un frisson lui parcourir le corps alors qu'Ahiora avait glissé sa main contre sa joue. A ce moment, il pria pour que la chaleur qu'il ressentait à l'intérieur de son corps ne se sente pas à fleur de peau. Mais il n'eut pas le temps de se poser plus de questions - ni sur le pourquoi de ce geste - car le rouquin posa ensuite ses lèvres sur les siennes. Le blond ouvrit grands ses yeux bleus, étonné par ses gestes, et pendant un instant, il voulut fuir mais il avait un mur dans le dos et l'autre adolescent face à lui, cette possibilité n'était donc pas la plus envisageable. Et puis, pourquoi fuir alors qu'il avait envie de ce baiser ? Par peur, sûrement. Forcément. Néanmoins, trouvant le courage au fin fond de lui-même, il glissa ses mains le long du torse d'Ahiora pour les croiser dans son cou, entrouvrant les lèvres et fermant légèrement les yeux pour mieux savourer ce moment. De ses dix-sept années de vie, il n'avait encore jamais embrassé personne, mais force fut de voir que le roux menait très bien la danse. Le coeur de Benjamin battait à tout rompre mais il se sentait si bien en même temps - il avait même trouvé la force dans ses jambes de quitter le mur du dos et s'approcher de l'autre adolescent - et chaque cellule de son corps frémissait à ses baisers.
Seulement, quelque chose clochait, un détail qui lui remonta à la pensée comme un parasite détruisant son petit paradis mental. Alors il recula légèrement, à contre-coeur, desserra l'étreinte de ses bras autour du cou d'Ahiora et rouvrit les paupières, le regardant dans les yeux. D'une petite voix, teintée d'une légère touche d'hésitation et d'un mélange entre joie et tristesse, il dit :
- Je te pensais hétéro...
En effet, si le rouquin avait pu avoir une quelconque relation avec un autre mec, il l'aurait su, par un quelconque moyen. Non ? Et il n'avait pas tellement envie d'être le garçon avec qui on s'essaie pour s'assurer de son orientation sexuelle. Mais le baiser, ses gestes... C'était parfait et il n'avait en rien envie qu'Ahiora profite de lui comme ça. Mais alors, il aurait mieux fait de laisser couler et au diable ses pensées étonnées... Et en même temps, il voulait s'en assurer. Alors, néanmoins, il dévia son regard, et ses bras commencèrent doucement à redescendre de leur perchoir. Si seulement il avait pu se taire, en fin de compte.
- ... D-Désolé...

Ne sachant que faire de ses bras, Ben' finit par les croiser sur son torse, son regard déviant partout mais surtout autre part que sur Ahiora. Non, il ne pouvait pas affronter le regard de celui-ci après la phrase qu'il venait de lui dire. Vraiment, il était vraiment idiot. Au lieu de se réjouir d'obtenir un baiser de celui sur qui il fantasmait depuis une dizaine de minutes déjà, non, il cherchait la petite bête, LE détail qui pourrait tout changer. D'ailleurs, et si en lui disant ça, le rouquin nierait tout, partirait et le laisserait, abandonné avec pour seule compagnie ses sentiments confus et une solitude de l'âme très embêtante... Benjamin s'en voudrait horriblement et toutes les désolations du monde ne suffirait pas à lui faire oublier sa bêtise monumentale. Surtout que l'adolescent ne semblait pas lui répondre et, du coin des yeux, il le voyait le regarder, toujours. Et cela ne faisait qu'augmenter sa gêne. Et le silence était insoutenable. Le blond se sentait presque oppressé par ce vide. Finalement, il n'aurait pas dû s'écarter des bras d'Ahiora, et encore moins sortir cette phrase pleine d'idioties. Serrant les mâchoires, il tourna finalement la tête vers le rouquin quand il l'entendit :
- Je...
Les yeux presque pétillants, Ben' attendit une suite. Qui ne semblait pas venir. Alors qu'il espérait juste entendre de l'autre adolescent qu'il s'était découvert une subite attirance pour les garçons et non plus pour les filles. Si vraiment il l'entendait dire ça et si seulement il n'était pas aussi timide, il lui sauterait au cou. Mais il était lui et ce n'était pas beaucoup envisageable. Tout autant qu'entendre ce qu'il voulait.
- N ... Non, ne t'excuse pas ... Je ... Non.
Benjamin pencha légèrement la tête sur le côté, faisant retomber ses cheveux devant ses yeux. Il passa donc une main dedans pour pouvoir voir toujours clair. Ne pas s'excuser ? C'était trop tard et s'il le pouvait, il remonterait bien le temps. Mais là, la phrase d'Ahiora le laissait perplexe. Disait-il ça parce qu'il s'était réellement reconnu un côté homosexuel ? Mais finalement, le blondinet préféra ne pas s'étaler sur le sujet, ayant peur que le rouquin puisse encore revenir sur ses pas et faire comme si ce baiser n'avait jamais eu lieu. En serait-il capable, vraiment ?
- J ... Je t'aime ...
La voix du rouquin s'était faite tremblante, gênée et à peine audible, alors que ses joues prenaient une jolie teinte rouge, faisant d'autant plus ressortir ses yeux bleus. Tout autant que Ben' sentit une chaleur dans les siennes. Sa respiration s'était momentanément accélérée et son pauvre coeur avait raté un battement. Il venait d'entendre ce qu'il voulait. Des simples mots mais qu'il avait vraiment eu envie d'entendre. Il avait donc ce qu'il voulait, il pourrait très bien s'approcher de quelques pas pour poser ses lèvres sur celles d'Ahiora, lui montrer que son amour était réciproque. Mais après un petit riquiqui pas, une question contraire à toutes ses pensées qu'il avait eues jusqu'à maintenant fit son petit bonhomme de chemin dans sa tête jusqu'à être claire : quel amour ? Non qu'il ne croyait pas au coup de foudre, après tout, c'était tout à fait possible. Il y avait juste des gens avec qui c'était plus envisageable que d'autres. Et Benjamin était peiné de devoir se dire ça mais le rouquin, selon lui, n'était pas du genre à dire "Je t'aime" à quelqu'un en le pensant réellement. Les paroles étaient bien belles, avec de la sincérité, elles le seraient d'autant plus.
Le jeune blond pinça ses lèvres, s'en mordant l'intérieur pour éviter qu'elles ne tremblent. Peine perdue puisqu'il vit sa vue se brouiller sous les larmes qui se frayaient un chemin sous ses yeux. Mais aucune ne sortit réellement, se contentant d'être là, au coin de ses yeux, et de lui troubler la vue. Mais... Pourquoi pleurait-il, finalement ? Pour la simple et bonne raison que, pour la première fois où on lui disait qu'on l'aimait, il avait absolument fallu que ce soit d'un dragueur hétéro qui ne le connaissait pas. C'était peut-être même la première fois qu'il le remarquait, vu la discrétion de Ben' quand il s'agissait de rapports humains. Alors la déclaration pouvait très bien être fausse. Sûrement. Certainement.
- Tu...
Sa voix se coupa, avalée par la tristesse, mais il tenta de se ressaisir, inspirant profondément et passant ses mains sur les coins de ses yeux, dans l'espoir de voir mieux qu'un monde tout flou. Même s'il détourna le regard dès qu'il recommença à parler.
- Tu ne me connais pas, c'est pas de l'amour...
Ses yeux nuageux se reposèrent sur Ahiora dès qu'il termina sa phrase pour voir la réaction de ce dernier. Si vraiment il était sincère quand il disait qu'il l'aimait, il ne pourrait passer à côté d'une telle phrase. Et au fond, c'est ce que Ben' espérait : que le rouquin le contredise, le prenne dans ses bras et le rassure, lui assure qu'il ne mentait pas. Mais il se faisait plus de mal que de bien à penser tout cela, parce que jamais cela n'arrivera. Finalement, relevant un instant les yeux pour retenir les larmes qu'il sentait arriver, il croisa les bras sur son torse pour se retenir d'aller se loger entre les bras de l'autre adolescent et il se contenta donc, une fois les larmes ravalées, de rebaisser ses yeux dans ceux d'Ahiora.