Une expérience de science avec un élève misogyne... Il va tout de même falloir coopérer. [PV Benjamin Mucce]

Pourquoi diable fallait-il que les professeurs se fichent du fait que leurs élèves étaient xénophobes, misanthrope ou tout autre malaise quand on était face à quelqu'un ? Pour sa part, Benjamin avait eu beau dire à son professeur, lorsque celui-ci fit les binômes pour son travail côté, qu'il était incapable de pouvoir travailler avec une fille, l'adulte n'en avait eu cure.
- Tu passeras outre tes difficultés et tu feras ton devoir comme tout le monde, lui avait-il répondu sans même faire attention au regard désemparé de l'adolescent.
Ce dernier pensa alors à avancer des contre-arguments comme quoi les filles étaient déjà dangereuses à la base, elles le seraient encore plus avec des produits chimiques en main. Et ce serait lui la victime, et il tenait à la vie. Mais le professeur s'était déjà penché sur un autre problème d'un autre élève, mettant un terme à leur discussion. L'adolescent aux cheveux blonds plissa les yeux et prit son sac d'un air contrarié avant de sortir de la classe d'un pas rapide. Il n'était pas énervé de ne pas avoir eu ce qu'il voulait, juste contrarié au départ et puis, doucement, un malaise s'insinua en lui alors qu'il pensait au pire de ce que pourrait lui faire son binôme de science. Celle-ci, d'ailleurs, ne semblait pas comprendre qu'il ne voulait pas lui adresser la parole, malgré le fait qu'il l'évite au maximum. Petit jeu qui dura plusieurs jours. Il avait décidé de faire le projet de son côté et d'y mettre leur deux noms, ainsi, pas d'ennuis et il n'aurait pas eu à devoir lui adresser la parole. Mais il n'avait pas pensé au fait qu'il était nul en science et donc, malgré l'envie qu'il y mettait, le devoir n'était toujours pas commencé. Tant pis, alors, il aurait une mauvaise note, ça ne le tuerait pas et ça ne tuerait sûrement pas sa camarade de classe.
Seulement, elle ne devait pas penser pareil que lui car il la vit débarquer dans la Salle commune de son clan, sous le regard interrogatif des autres. Lui, personnellement, il remonta le col de son pull et se tasse un maximum sur sa chaise, comme si, agissant ainsi, la jeune fille ne le verrait pas. Echec de la mission ; elle le vit et, après un instant d'hésitation, le rejoignit à la table où il était assis. Néanmoins, lorsqu'elle tira une chaise vers elle et qu'elle s'assit en face de lui, il se redressa sur sa chaise et la fit légèrement reculer. Alors que ses yeux bleus tombèrent par hasard sur ceux de la jeune fille et y restèrent accrochés, la couleur de leur iris l'étonnant. En effet, ce n'était pas tous les jours qu'on voyait des yeux d'une étrange couleur violette.
- Tu m'évites ; c'est mal.
La voix de l'adolescente le fit revenir à la réalité et il détourna le regard, se sentant tout d'un coup mal à l'aise. Néanmoins, il haussa les épaules à sa phrase. Il se fichait bien que ce soit mal du moment que lui, il se sentait bien.
- Pourquoi toujours penser que c'est personnel ? Vous n'êtes pas le centre du monde, répondit-il avec dédain. D'ailleurs, toi, tu dois vraiment tenir à ce devoir si tu viens en terrain inconnu juste pour ça.
C'était la première fois qu'il enchainait autant de mots l'un à la suite de l'autre pour parler à une fille. Il n'en était pas mort mais cela s'entendait à son ton assez froid que s'il avait pu éviter Pandora encore une fois, il l'aurait fait.

Il avait peut-être été un peu trop dur avec la jeune fille... Non, il ne le pensait pas et ne se le disait pas, on était jamais trop dur avec les filles.
- Hé regarde, Benjamin s'est fait une nouvelle amie. Et il n'a pas trouvé mieux que la folle !
L'adolescent observa les deux garçons d'un air neutre, mais presque glacial. Ce qui l'embêtait le plus n'était pas qu'on traite Pandora de folle, non, c'est qu'on croit qu'il avait enfin une amie. Quand les rires retentirent, un courant d'air glacé parcourut l'entièreté de la pièce et quelques grommellements se firent entendre. Benjamin, lui, était plutôt satisfait, au moins avait-il fait taire les rires. Il reporta son attention à la jeune fille qui lui faisait face. Elle n'avait même pas cillé quand les deux garçons l'avait ouvertement traitée de folle, elle ne prêtait attention qu'à lui et ça le dérangeait plus qu'autre chose.
- Désolée de ne pas connaître tous les problèmes de tous les élèves. J'ai mes raisons de croire que c'est personnel, avec toutes ces rumeurs qui courent sur moi. Et oui, je tiens à ce devoir ; je ne veux pas débuter mon année avec un 0/30, vois-tu.
Son ton était aussi glacial que le courant d'air qu'il avait généré et ses yeux violets pouvaient pétrifier n'importe qui les regardaient. Et après ils s'étonnent que Ben' n'aime pas les filles, quand elles réagissaient ainsi ? Certes il était fautif et l'avait poussée à lui répondre ainsi, mais tout de même, elle ne faisait rien pour arranger sa situation. Elle n'en savait rien qu'elle devait le faire, soit.
Finalement, Benjamin haussa les épaules, une réponse globale pour tout ce qu'elle venait de dire. Elle ne voulait pas débuter avec un zéro ? Lui non plus, mais choisir entre un zéro et faire tout un projet avec la jeune fille, il choisissait le zéro. Mais à présent, vu Pandora, il n'avait pas trop le choix. Il inspira profondément avant de soupirer lentement.
- D'accord, répondit-il simplement au sujet du devoir. Concernant les rumeurs, c'est donc toi... A vrai dire, je n'y fais pas attention, encore moins quand ça concerne les filles, ça... M'intéresse pas.
Entre autre. Il se voyait mal dire honnêtement à une fille qu'il les détestait. Surtout qu'il devait travailler avec, d'abord. Il regarda d'ailleurs avec quoi elle était venue. Elle était prête à travailler et à son humble avis, elle ne serait pas partie avant qu'ils aient terminé.
- Tu as déjà tout pour l'expérience ?

La jeune fille répondit directement à sa question d'un hochement de tête et sortit tout le métirel dont ils avaient besoin de son sac. Benjamin avait raison : elle ne serait pas partie tant que leur devoir ne serait pas achevé. Elle était déterminée, cette fille, ce qui n'était pas toujours un point positif. Néanmoins, l'adolescent cessa de penser à toutes les critiques qu'il pourrait lui sortir et se mit à travailler avec, plus parce qu'il n'avait vraiment pas envie de la voir de mauvaise humeur - rien que son ton glacial d'avant l'en avait dissuader. Et à son plus grand étonnement, tout se passa bien. Pandora ne tenta pas de le tuer et elle fut même assez persévérante et patiente avec lui puisque ses talents de scientifique amateur se résumaient à presque nuls. Mais alors, cela n'égala pas la maladresse dont il fit part alors qu'il manipulait un scalpel bien aiguisé. En effet, celui-ci lui échappa des mains et l'adolescent eut l'intelligence de le rattraper côté lame, qui fit une magnifique entaille dans sa paume. Il tressauta en laissant retomber l'outil et lâcha une flopée de jurons pour le scalpel comme pour son idiotie - et ce devait être la première fois qu'autant d'injures sortaient de sa bouche.
Benjamin se mordit la lèvre inférieure dans l'espoir de concentrer la douleur autre part que sur sa main qui ne cessait de saigner. Main, d'ailleurs, qu'il évitait de regarder, parce qu'une soudaine envie de vomir et de tourner de l'oeil le prit. Mais soudain, des picotements autres que les palpitations de la douleur lui firent baisser les yeux sur sa paume. Il écarquilla les yeux en voyant la plaie rétrécir doucement jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien pour montrer qu'il se soit blessé, pas même une cicatrice et hormis le sang qui avait coulé tout autour. Il l'essuya d'ailleurs sur sa main avant d'ouvrir et fermer celle-ci. L'adolescent leva ses prunelles bleu-gris vers celles, violettes, de Pandora, mais cette dernière avait détourner le regard et ne semblait pas vouloir avoir à faire (Vive les verbes ) à ce miracle. Ben' fronça alors les sourcils, ne prêtant pas attention aux murmures qui s'élevaient dans la salle, même s'il resta bien étonné.
- Tu... C'est toi... C-Comment... ?
Et surtout : pourquoi ? Mais ça, il se le garda bien de le demander car si elle n'avait pas été là, il serait tombé dans les pommes, c'est certain.

A peine eut-il terminé sa pseudo-question à moitié non formulée, Pandora plongea ses yeux dans les siens. Malgré un frisson qui lui parcourut la colonne vertébrale - il n'était toujours pas habitué à regarder les gens (les filles) dans les yeux -, il remarqua que le regard de la jeune fille n'exprimait plus la froideur dont elle avait fait part en arrivant. Non, elle semblait mal-assurée, hésitante. Avait-elle peur de ses réactions à lui alors que d'eux deux, elle semblait être la plus assurée. Mais l'étonnement de l'adolescent le força presque à ne pas s'en rendre pleinement compte. Il était juste très surpris et attendait une réponse à sa question. Réponse qui ne tarda pas, car la jeune fille hocha lentement la tête.
- Je ne contrôle ni le vent, ni le feu, ni l'eau, ni la terre.
Cela suffit à implanter de la méfiance dans le regard nuageux de l'adolescent aux cheveux blonds. Si elle ne contrôlait pas ces éléments, que faisaient-elle ici, dans cette école ? Benjamin recula d'un petit pas. Méfiance oblige. Ses sourcils se froncèrent à nouveau alors qu'il entendait la suite de l'explication :
- À la place, je guéris n'importe quelle blessure, ressuscite de petits animaux et me fait pourchasser par des fantômes...
L'adolescent ouvrit de larges yeux et, sentant sa chaise derrière lui, décida de s'y laisser tomber, ne quittant toujours pas Pandora du regard. Un sourire étira ses lèvres tristement mais il fut passager car il disparut aussi subitement qu'il était apparu, et la jeune fille détourna une nouvelle fois les yeux. Benjamin, lui, ne savait plus trop quoi penser de quoi, le plus important et le plus déroutant pour lui étant que l'adolescente aux yeux violets venait de lui épargner un bon mois de pansement et sûrement bon nombre d'infections. Mais pourquoi avait-elle agi ainsi ? Elle ne le connaissait pas et lui n'avait pas été des plus confiants envers elle. Et pourtant, elle avait été gentille - va-t'on dire. Non, c'était un coup monté. Comme ses soeurs. Elles sont gentilles avec vous pour mieux vous avoir par la suite. Méfiance est mère de sûreté.
Néanmoins, le sujet des fantômes attisa en lui une légère curiosité. Il n'en avait jamais vu et n'en verrait sûrement jamais, mais il n'était pas du genre à ne croire que ce qu'il voyait. Et il fallait avouer que les fantômes, c'était assez peu commun. Tout comme les pouvoirs de Pandora. Qui posa son regard violeté sur lui juste au moment où il sortit de ses pensées, décidant de laisser le bénéfice du doute à l'adolescente - même si de la méfiance se lisait encore dans ses yeux. Au moins n'était-ce pas du mépris ou de la moquerie. Il grommela un remerciement à peine audible.
- Pourquoi ils te pourchassent..?
De la curiosité pure et simple, sans la moindre intention de se moquer.

Il avait dit une bêtise, cela se voyait rien qu'au regard violet de la jeune fille. Sa question était stupide, peut-être, mais pour lui, elle lui avait semblé pertinente et en fin de compte, il attendait réellement une réponse, que ce soit sur un ton moqueur ou autre chose.
- Tu aimerais, toi, avoir quitté un monde et entrer dans un autre, parallèle, pour remarquer qu'une fille peut voir les deux mondes ?
Benjamin baissa le regard en biais. En effet, même s'il ne s'était jamais mis à leur place, il était vrai que ce ne devait pas être très chouette de savoir qu'une simple ado pouvait avoir accès au monde des vivants et à celui des mots. Néanmoins, il se mordilla la lèvre inférieur en entendant le ton froid de Pandora. Etait-ce à cause de lui ? De sa question ? C'est ce que son esprit s'amusa à lui faire croire et ce fut facile de voir qu'il semblait l'écouter. Après tout, le fait que la jeune fille aux yeux violets soit fâchée contre lui l'effrayait plus que si elle était simplement froide parce qu'elle était méfiante. Qui sait de quoi était-elle capable ! Mais finalement, ce n'était pas majoritairement pour lui qu'elle avait tenu un ton si froid et haineux - pour les fantômes, supposa-t-il - parce qu'elle changea rapidement de sujet, baissant de nouveau ses yeux sur leur expérience qui avançait à bon-train.
- Bon, on la finit cette expérience ? demanda-t-elle avec tout le tact dont elle était dotée.
L'adolescent sursauta légèrement à ce changement si brusque de sujet. Le ton montrait parfaitement que Pandora ne tenait plus à revenir sur le sujet des fantômes. Et il devait bien avouer qu'il la comprenait, ce ne devait pas tous les jours être facile de vivre en ayant accès à deux mondes différents en étant mis à l'écart par la population de l'un et pourchassé par celle de l'autre. Sa vie n'était pas de tout repos, d'où sa froideur.
- Ah, euh, oui... P-Pardon pour l'indiscrétion... tenta-t-il pour exprimer de plates excuses.
Pourquoi bégayait-il alors qu'elle ne lui faisait plus vraiment si peur ? Si, son ton froid l'effrayait toujours un peu, mais à présent, c'était plus sa timidité qui avait pris le dessus. Après tout, il avait appuyé sur un point sensible chez une personne qu'il ne connaissait que depuis la rentrée - et même, il n'avait jamais fait attention à elle avant aujourd'hui. Il y avait de quoi se sentir un peu mal. C'est pourquoi il se remit au travail, faisant, cette fois, plus attention à ce qu'il faisait pour ne pas se blesser une nouvelle fois. Et sans même relever les yeux, une question franchit ses lèvres :
- Pourquoi m'avoir soigné ?
Question qui le turlupinait depuis un petit moment déjà. En effet, ils étaient loin de se connaître vraiment - mis à part les rumeurs qui couraient - et elle ne semblait toujours pas le porter en sympathie (Va savoir si ça se dit...), alors pourquoi ? Se devant de le dire franchement : tout n'aspirait pas au coup monté.

Un signe de la tête et elle avait balayé ses excuses si pathétiques. Pourquoi ? Parce qu'elle s'en fichait ou bien parce qu'elle l'excusait ? Au final, peut importait, une autre question avait déjà pointé le bout de son nez dans l'esprit de l'adolescent aux cheveux blonds. Pourquoi l'avait-elle soigné si au fond, ils ne s'appréciaient pas ? Parce qu'il était clair qu'elle ne le portait pas dans son coeur. Même si elle ne le détestait pas non plus pour autant.
- Je ne contrôle pas vraiment mes pouvoirs, en fait...
Benjamin, qui avait écouté la tête toujours penchée sur leur travail, la releva enfin pour regarder la jeune fille, écarquillant ses yeux bleus. Sa première pensée fut qu'il n'imaginait pas une fille comme Pandora ne pas parvenir à contrôler ses pouvoirs, il la voyait un peu comme une surdouée. Mais soit, apprendre à contrôler ses dons ne se faisait pas en un jour et il fallait savoir être patient.
Ensuite, alors que ses yeux redevenaient normaux, un sourire étira ses fines lèvres. Un sourire amusé mais néanmoins ironique ; elle l'avait soigné sans faire exprès, elle n'aurait pas voulu le faire que cela aurait agi pareillement. Alors peut-être qu'au fond, elle aurait préféré le laisser saigner et ne pas le soigner. C'était une possibilité à envisager. Et en fait, c'est pour ça qu'il souriait. Parce qu'il aurait dû se douter que Pandora n'aurait pas agi ainsi en sachant réellement ce qu'elle faisait.
Malgré le fait qu'elle garde ses yeux rivés sur sa feuille, Benjamin, lui, à son tour, ne cessa de la regarder. Ses prunelles violettes n'étant plus orientées vers lui, il se sentait plus à l'aise. C'est pourquoi, aussi, sa voix se fit plus confiante et son ton plus sûr de lui, contrairement à ses phrases d'avant.
- Je vois, j'aurais dû m'en douter. Merci, en tout cas. Même si tu n'avais pas l'intention de faire quelque chose, ça a été fait, je te suis reconnaissant et te revaudrai ça.
Il cherchait la petite bête et après, il s'étonnait que les filles se retournent contre lui ! Néanmoins, il fallait le dire, il l'avait remerciée sincèrement, son ton, juste à l'instant, le prouvait, alors qu'il pouvait ne pas le dire en le pensant. L'adolescent passa une main dans ses cheveux pour les empêcher de cacher ses yeux mais comme il baissa de nouveau la tête vers leur expérience, ses mèches retombèrent sur son front. Il se contenta alors de les repousser sur le côté, et il regarda les notes que prenait l'adolescente. Elle avait une jolie écriture, bien arrondie, une écriture de fille, tout à fait. Posant une main dans sa propre nuque, le jeune blond étira son dos et sourit, franc.
- Tu es pas bien méchante, en fait, dit-il d'une petite voix timide, de peur de la vexer.
D'ailleurs, rien qu'avec une question comme ça, qu'allait-elle penser ? Savait-elle qu'il avait un problème de base avec les filles et que donc, dire cette dernière phrase s'était avoué dur mentalement ? Non, sûrement pas, sinon elle aurait compris depuis le début son refus de travailler avec elle. Or, elle était venu le chercher d'elle-même. Elle ne devait donc pas le savoir. Aussi, il n'allait pas crier sur tous les toits qu'il était misogyne.
Il releva légèrement la tête vers elle, attendant une quelconque réponse de Pandora.

Pandora haussa un sourcil à la phrase qu'il venait de dire et releva les yeux vers lui, alors qu'il avait aussi relever la tête vers elle.
- Suis-je censée l'être ?
Benjamin sut directement alors qu'il avait dit une bêtise, une de ces bêtises dont il était le seul à avoir la recette parfaite pour se rendre ridicule. D'ailleurs, en entendant la jeune fille et voyant ses yeux mauves droits sur les siens, il ne put s'empêcher de rougir honteusement. Piteuse réaction venant d'un garçon de dix-sept ans. C'était sans compter sa sensibilité et sa timidité loin d'être très masculines. Mais il se fichait bien des remarques qu'on avait à son égard et il fallait avouer que parfois, bien que cela soit rarement, il pouvait se montrer bien plus méchant qu'une fille telle qu'il l'imagine. Et des fois, aussi, il remarquait que la fille qu'il avait en face de lui était loin de ce qu'il imaginait, comme Katniss, comme Pandora ici-même. Du coup, il ne savait pas trop quoi répondre à la question de cette dernière sans paraître méchant, blessant ou ridicule. Lui avouer qu'il était misogyne et qu'il était traumatisé par le sexe féminin ? Quoi de mieux pour se rendre ridicule ! Heureusement qu'ils avaient déjà terminé leur projet s'il venait à la jeune fille l'idée de ne plus jamais parler par après à l'adolescent. Il avait au moins la sûreté de ne pas pouvoir avoir un zéro à ce travail. Et puis, pourquoi ne devrait-elle plus lui parler ? C'est lui devrait être gêné et par conséquence ne plus lui adresser la parole.
D'ailleurs, on ne pouvait être plus gêné que Ben' en ce moment. Pris au piège de sa situation par une simple question, il en était devenu rouge tomate. Sa respiration était rapide et sa bouche devint soudainement pâteuse. Le fait qu'il hésite longuement sur la réponse à donner ne l'aidait pas à se calmer, envisageant tant bien le meilleur que le pire. Le pire ? Qu'y avait-il de pire que de perdre possession d'un esprit clair pour le remplacer par un esprit de contradiction sans failles ?
Un gémissement échappa à l'adolescent, il commençait à ressentir des lancements dans son crâne. Il se prenait trop la tête pour une simple situation comme maintenant et il devait réellement faire du progrès dans ses rapports humains si à chaque fois qu'il se trouvait dans une situation ambigüe, il réagissait de façon démesurée en faisant presque une crise d'angoisse. Mais finalement, inspirant longuement, il baissa le regard sur la table, traçant sur celle-ci des cercles invisibles avec son index. Au dernier moment, il se renfrogna et sa voix qui aurait dû être entrecoupée par sa respiration rapide se fit normale, ni dure ni froide. Juste neutre, peut-être même trop.
- Oui. Comme toutes les autres. C'est connu.
Il repensa à ses soeurs, aux filles qu'il avait connues avant de commencer à les détester et pensa même à celles d'après, celles qui se fichaient du fait qu'il les évite et le cherchent de front, le poussent à bout. Il grommela à l'intention de ces filles.
- Ces pestes... laissa-t-il échapper, le regard perdu sur la table.
Il haussa les épaules en soupirant d'un coup brusque. Quoiqu'il en soit, il espérait réellement ne pas s'être trompé sur le compte de Pandora parce que la situation commençait réellement à lui échapper. Et le fait qu'il était loin d'être le meilleur menteur ne pourrait l'aider à s'en sortir. Il attendit alors simplement une quelconque réponse de la jeune fille et si jamais cela s'envenimait, il pourrait s'échapper en rétorquant qu'ils avaient bien travaillé et qu'elle pouvait retourner à ses loisirs.