Ma discrétion me tuera.. [PV: Abby]

Il y à des jours où je dois me battre pour manger. Non, pas que le service du soir soit si chaotique que cela -Quoique..-, c'est juste que, parfois, je n'ai pas faim. De vieilles cicatrices pas encore refermées, si vous voulez mon avis. Enfin, aujourd'hui, je n'ai rien pus avaler. J'ai même essayer de me forcer, mais rien à faire. Mon plateau à été généreusement distribué à d'autres tables, avant que je ne range le tout, puis ne parte, le ventre vide. Je n'aime pas ces jours-là. Quand j'ai le ventre vide, j'ai tendance à ressasser le passé. A me rappeler des choses qui m'ont coupées l'appétit. Dans ces moments, je pourrais faire n'importe quoi, je suis plus instable qu'on ne pourrait le croire. Dans mon lit, je tourne dans tous les sens. J'ai froid, j'ai chaud. Je pense de trop, encore. Je frémis, tout en essayant de dormir. J'ai laissé les volets ouverts, et ça ne m'aide pas. Je ferme les yeux et de sales images me reviennent en mémoire. Je tremble une fois de plus, expirant difficilement. Autre chose. Je ne veux pas voir ça... Mais il faut croire qu'entre temps, je me suis endormie, parce que je n'arrive plus à ouvrir les yeux. Ils sont comme ouverts, puisque je vois la scène, je vois ce qui se passe, j'y suis même. C'est moi, je me vois dans le miroir, en face. Je me débat, je crie. J'ai peur. Terriblement peur. Je ne veux pas, je ne veux plus. Je ravale un sanglot, je suis vulnérable. Trop. Je n'ai jamais fais le poids. Mes mains tremblent comme des feuilles tandis que je sens quelque chose changer. C'est comme si, du creux de mon ventre, une chaleur diffuse se propageait. Je sais ce que ça signifie, ce qui va se passer, ce que je vais voir, alors je ferme les yeux. Il y à une grande décharge, un râle, puis tout est fini. Quand je les ouvres, tout est gris ou noir, la décharge était puissante, et il là où je me tiens, le mur est encore blanc. C'est bien le seul endroit. Je me laisse glisser, et je me recroqueville. Je en veux rien voir, je ne veux pas. Je ferme les yeux et me balance. Encore et encore. Jusqu'à ce que je commence à avoir froid. Là, je me rend compte que je ne dors plus et que je continue de me balancer, sur mon lit cette fois. Je regarde autour de moi et sèche mes larmes. J'ai les joues trempées. J'expire bruyamment, la bouche pleine de soubresaut. Là, je sors, jetant mes draps trop chauds et trempées au pied de mon lit. Je suis en nage. Je file prendre une douche, pose mon front sur le carrelage humide. Je soupire. Tout est finit, ce n'était qu'un rêve. Je coupe l'eau, renfile mon t-shirt. Je me regarde dans le miroir. J'ai toujours des flashs d'avant, certaines situations qui m'en rappellent d'autres, bien moins agréables. Je me fais une queue de cheval haute, laisse mes cheveux encore humides goûter dans mon dos avant d'enfiler un short en jean, le seul bas que j'ai sous la main. Je rentre ensuite mon t-shirt dedans, trop long pour être laissé à l'extérieur. Je ne tremble presque plus, mais maintenant, je crains hypoglycémie. Je soupire, je n'ai rien à manger sous la main. Direction la cuisine du foyer, là-bas, il ne devrait y avoir personne, vu la place de la lune dans le ciel. J'ai mal au poignet. Dans mon rêve, c'était lui qui me l'enserrais. Mon regard tombe dessus et un sourire amer apparaît sur mes traits. Ma montre. J'ai encore oublié de l'enlever. Je la remets en place, avant de me rendre compte que oui, il est rare que quelqu'un traîne au foyer passé les deux heures du matin. J'enfile mes converses et je sors, tant pis si j'ai froid, j'ai besoin de sortir. En passant devant ma chambre, je frissonne. Pas de froid.
Même dans le noir, je connais le chemin. Je me suis finalement décidée à passer par les couloirs de l'école plutôt que par dehors où je serais plus facilement repérée, avec la lumière de la lune. Une fois le foyer en vue, je pousse une des portes, et me glisse au-dehors, discrètement, en privilégiant les coins d'ombres. Une fois arrivée, je constate avec soulagement que les lumières sont éteintes et que la porte est ouverte. Une inattention, sans doute. Je n'image même pas que quelqu'un puisse être déjà là. Préférant rester dans le noir, au détour d'un couloir, mon pied tape dans quelque chose de dur. Je pousse une exclamation de douleur, ce n'est pas mes petites baskets en toiles qui vont épargner mes pieds. Je râle contre ma stupidité et, après vérification, comprends que je viens de rencontrer un mur. Je soupire, et c'est reparti, bientôt, j’aperçois une lumière diffuse, dans les cuisines. Y a-t-il quelqu'un ? Me penchant pour en savoir plus, je trouve le moyen de me cogner contre quelque chose. Je ravale un grognement en entendant le bruit que je viens de faire. Je me suis cognée contre un chariot pleins de casseroles, propres, vu quelles brillent dans la pénombre. Le boucan s'arrête enfin, et je me crispe. On m'a entendu, c'est plus qu'évident.