Aaaah ! Un cheval !

La journée paraissait bien morne. Après les cours, le néant. Je n'avais rien à faire, strictement rien. Les devoirs les plus simples et rapides avaient été fait  l'avance, et les plus ennuyeux, repoussés au maximum. Mais voilà, maintenant que je les avaient fait, je n'avais rien de prévu. Prenant mon téléphone, je constatais, soupirant, qu'il n'avait plus de batteries. Je n'avais même pas envie de le charger. Et pour causer, j'avais perdu mon chargeur, mais ça, c'était autre chose. Me laissant tomber sur mon lit, je réfléchissais rapidement. Une ballade ? Attrapant mes baskets, je sortais donc de la pièce, marcher, traîner des pieds, courir ou autre me ferait du bien. Il y avait du vent, et je me sentais enfin respirer, comme si je n'avais pas respiré de la journée, n'ayant fait que de l'apnée. Étirant mes bras en marchant, je passais devant un chemin, souhaitant être tranquille, et pourquoi pas, découvrir un nouvel endroit, en bordure de l'école. Après une quinzaine de minutes de marche, j'arrivais à un terrain plutôt plat, avec de l'herbe, assez bien entretenue par endroits. Avançant, curieuse, je découvrais un ensemble de bois. Un énorme garage ? Non, trop loin de l'école. Qu'est-ce que cela pouvait bien être ? M'avançant encore, je m'arrêtais juste devant la batisse, me demandant si j pouvais m'aventurer à plus, à entrer, par exemple. Il y avait de drôles de bruits, comme si.. Des animaux ? Là, je reculais d'un pas, moins à l'aise, et, surtout, ne souhaitant pas causer de problèmes. Tandis que je me tâtais, voir pour finalement entrer ou pas, j'entendis quelque chose. Un cri ? Me dépêchant d'arriver à la source de bruit -soit de l'autre côté du micro zoo, en attendant d'en savoir plus sur les animaux présents-, je découvrais une de mes amies, assise dans l'herbe, un air complètement paniqué sur le visage.

- Lauren ! Qu'est-ce qu'il y a ?

Je me penchais vers elle, une lueur inquiète sur le visage.

Lauren, en me voyant apparaître, sursauta, apparemment surprise de me voir ici. Après tout, d'habitude, je n'étais pas par ici, préférant la forêt à cet espèce de.. D'écurie ? Étrange qu'un établissement privé en ait une, d'ailleurs, mais passons. Une lueur que je n'identifiais pas passa dans les yeux de la jeune fille, et, accroupie devant elle, j'attendais un semblant d'explications.

- Ils ont mis des chevaux ici ! Je n'arrive pas à y croire ! J'ai eu une telle peur en les voyant !

Je restais un instant immobile, presque sans comprendre, avant que la chose n'arrive jusqu'à mon cerveau. Là, je soufflais, franchement soulagée, un sourire étirant mes lèvres. J'avais eu si peur en entendant crier ! Pire encore en l’apercevant elle ! Il faudrait vraiment que j'arrête d'être si inquiète, la vie n'est pas que cruelle, l'humanité non-plus. Il n'y a pas que des tordus, dans le coin. Avec un peu d'entraînement, j'arriverais peut être à baisser la garde et à arrêter les micros-scénarios bien flippant. Pas sûr, mais à tester. M'autorisant à décompresser après m'être autant inquiétée, Lauren éclata de rire, et je faisais de même ;  la situation n'en était pas moins comique ! Et, une fois calmée, la honte apparut, et elle eut les tics des personnes mal-à-l'aise. Le regard vers le sol, et un air honteux sur les traits. Je lui souriais gentiment, attendait qu'elle finisse de me parler pour intervenir.

- Je suis vraiment une peureuse... ! Quelle honte..

Un sourire moins crispé étira ensuite ses lèvres, et je lui répondais.

- On a tous nos peurs, tu sais. Il n'y a pas de peurs honteuses, on a nos raisons, il faut juste apprendre à vivre avec.

Je ponctuais le tout d'un sourire, avant de me relever et de lui tendre mes bras, enchaînant;

- Et puis tu sais, les chevaux.. Je crois bien qu'ils ont peur de moi. Quand j'étais petite, on m'a fait faire de l'équitation. C'était un massacre ! Ils s'éloignaient de moi, et, quand je devais en monter un, il faisait tout pour se débarrasser de moi. Je ne m'étais pourtant pas encore rendue compte de mes pouvoirs. Ils savaient peut être, enfin, depuis qu'un cheval m'a fait tombé -on aurait dit du western, tant il y mettait du sien !-, je ne m'approche plus d'eux, j'ai compris le message !

Un sourire étrange aux lèvres, je repensais à mon acharnement. Je remontais toujours, jusqu'au jour où il fallut me faire des points de suture. Mes parents, abandonnant la partie, comprirent que certains animaux ne m'aimaient pas, qu'i ne fallait pas forcer les choses. C'était un vieux souvenir, j'étais toute petite, à l'époque, mais je m'en souvenais toujours... Après avoir relevée Lauren, j'époussetais les genoux de mon pantalon, regardant le ciel, encore clair pour l'heure.

Je ne quittais pas mon amie des yeux, si bien qu'à la fin de mon récit -cette petite anecdote équine-, elle éclata de rire. Je lui offrais un sourire, contente de l'a voir si détendue après tout ça. Elle prit ma main et se releva, avant de regarder dans la même direction que moi : vers le ciel. Je soupirais, un petit sourire aux lèvres. Il faisait chaud et le temps se réchauffait encore. Finalement, l'été serait peut-être agréable.. Tant qu'il n'y avait pas trop de beau temps.. Un frissonnement d'impatience me prit, s'il faisait trop chaud, trop sec, nous aurions des orages. De magnifiques orages. Ce serait si.. Si instructif ! Je ne me lasse jamais de la pluie, des orages. Quand ces derniers ne sont pas causés par quelqu'un comme moi -voir simplement moi-, j'aime à les regarder -autrement, c'est que je suis chamboulée, ou dans un trop pleins d'émotion-. Malgré tout ce que mon pouvoir m'a fait subir, c'est grâce à lui que je m'en suis sortie. Nouveau frisson, moins joyeux pour celui-là. Masquant le fil de mes pensées, je me frottais les bras, histoire de. En silence, dans une atmosphère plutôt détendue, nous sortîmes de l'écurie et de son périmètre immédiat. Après quelques moments de silence, Lauren déclara;

- Tu vas au bal et à la baignade ? Je ne sais toujours pas ce que je vais faire...

Sa question me prit par surprise et je lui répondais du tac au tac;

- Ca dépend de qui m'invite !, là, j'éclatais de rire, avant de reprendre, plus sérieusement. Je ne sais pas si j'ai envie d'y aller. Je ne sais même pas si j'ai un seul maillot de bain ! Au pire, je trouverais bien un substitue de maillot, mais.. Il y aura beaucoup de gens et, avec les uniques, nous sommes assez exclus des préparatifs. Du coup.. Je ne sais même pas comment m'y rendre. Après un petit sourire, j'ajoutais : Et toi, pourquoi doutes-tu ?