Apprendre à se confier.. [PV: Nathanaël Tempis]

Presque surprise de voir la porte s'ouvrir, après une si longue -une dizaine de minutes tout au plus- attente, je détaille rapidement l'homme qui se trouve dans l’entrebâillement de la porte et m'y engouffre, curieuse de voir à quoi peut bien ressembler la pièce. Evidemment, ce n'est pas la grande salle, avec son énorme divan au milieu, mais de toute façon, je ne m'attendais pas à ça, et un bureau équipé d'une chaise de chaque côté est bien plus.. Accueillant. Moins flippant sur ce qu'il pourrait dire, ce qui pourrait se passer. Monsieur Tempis ferme la porte derrière moi et déclare :

- Excusez moi, j'étais perdu dans mes pensées. Vous pouvez entrez.

J'acquiesce poliment, pas besoin de faire des remarques sur son excuse qui me semble un peu juste. Je masque une moue amusée en me demandant qui a été son dernier "patient". Sans doute un cas, pour le laisser si perplexe. Quoique si je m'aventure à parler de "cas", il faudra préciser que chacune des personnes de cet établissement à une histoire bien à elle. Enfin je le suppose. Il n'y a qu'à observer un peu autour de soit pour s'en rendre compte. Les habitudes, les peurs de chacun. Ou pire encore, je n'ai qu"à me baser sur mes expériences personnelles pour dire que oui, cette école recèle de "cas". Une mauvaise expression, donc. Hésitante, je finie par m'asseoir, n'aimant pas rester debout, surtout dans une pièce comme celle-ci, qui a dut entendre miles secrets, miles histoires. Je réprime un frisson, pas besoin de montrer que j'angoisse, que j'ai des choses à cacher.

- Je ne sais pas si parlez vous aidera beaucoup, alors vous pouvez faire ce que vous voulez.

Là, je lève la tête, perplexe. Il n'essayera pas de me tirer les vers du nez, de me faire parler ? Je me suis toujours arrangée pour éviter les psychologues, mais je ne sais pas si c'est ce qu'on dit à son patient. Maintenant, je ne suis plus seulement mal à l'aise. Je ne sais absolument pas quoi faire ou dire. S'il m'a dit ça, c'est pour éviter que je parle ? Ou alors pour me faire comprendre qu'il n'attends rien de moi ? Tirant nerveusement sur une des manches de mon haut, je regarde le plafond de la pièce. Sait-il que, dans cette école, proposer à un élève de faire ce qu'il veut peut être.. Mal avisé sinon très dangereux ? A moins que je n'ai pas l'air très dangereuse. Pourtant, tout le monde peut l'être. Il suffirait que je m'emporte, dans une piscine et ça pourrait commencer à sentir le cramer. Je frissonne, ravalant une moue de dégoût en pensant à l'image qui s'imprime dans ma tête, que je secoue doucement, pour chasser ces pensées. Je n'ai pas besoin de tout ça, pas maintenant. Mon regard revint sut le bureau. Quelque chose me dérange mais je ne sais pas quoi. Ah, c'est ça.. La nappe, elle est trop grande pour ce genre de bureau. Je la fixe distraitement, en venant au fameux bureau et à son contenu. Un pot à crayon, des dossiers, des feuilles et quelque livres. Le tas de feuille est, lui, de travers. Je me mord la lèvre, il ne faut pas que je commence à tout ranger, où il va me prendre pour une maniaque. Mais qui  sait ce qu'il peut bien penser ? Ce qu'un psychologue peut penser. Ils m'ont toujours fait peur. D'un mot, ils peuvent vous envoyer à l'asile. Le vrai, avec les murs capitonnés, les médicaments et les camisoles. Ok, je me fais peut être des idées, mais pour moi, l'asile, c'est ça. Je fronce les sourcils, avant de soupirer et de remettre en place le tas de feuille, très discrètement. Enfin j'espère que ça l'est.. Je lève les yeux, dans l'espoir de le voir affairer ou à regarder ailleurs. Ce n'est pas le cas, il m'a vue remettre en place les feuilles. Oups. Gênée, je balbutie;

- Ah, euh, désolé..

Je ne veux pas m'imposer, pas faire comme si j'étais chez moi ou comme si j'étais  l'aise, parce que c'est faux. Et puis je ne sais pas, ça se fait pas. Tout simplement. On ne range pas les feuilles des gens. Et je viens de le faire. Je suis surement irrécupérable. Je soupire, remets une mèche de cheveux en place, avant de demander, pour changer de sujet au plus vite, que ma dernière action soit.. Oubliée ? J'en demande peut être trop, mais tant pis.

- Y a-t-il une raison particulière à ma venue ?

Je suis curieuse de savoir ce qu'il va me répondre. Je sais que c'est les professeurs -je n'ai pas de famille pour le demander, alors qui d'autre ?-, mais après.. Je ne sais pas lequel, même si je me suis déjà imaginé plusieurs scénarios, tous plus farfelues les uns que les autres. Me juge-t-on trop seule ? Mal intégrée ? Ou bien trop hostile avec certaines personnes ? Presque.. "Bagarreuse" ? Ou alors c'est à propos de mon pouvoir, et là je risque de rentrer dans une histoire d'instabilité émotionnelle ou je ne sais quoi. Enfin, seul l'avenir le dira.. En faites non, pas l'avenir. Lui. J'espère que ce n'est pas plus grave que je ne me l'imagine, parce que sans ça, je vais devoir venir souvent..